Lors d’un colloque sur « Jésus et les pharisiens », à l’occasion du 110^e anniversaire de l’Institut Biblique (Rome, mai 2019 ; voir les différentes interventions sur <www.jesusandthepharisees.org/Video>), le pape François invitait les participants à un réexamen historique et littéraire de la question concernant les pharisiens, pour aider « à acquérir une vision plus véridique de ce groupe religieux, en contribuant aussi à combattre l’antisémitisme ». En reprenant et en présentant de façon accessible ce dossier sur les pharisiens, le livre de Mireille Hadas-Lebel – sans viser le même niveau de spécialisation et de recherche que le colloque susmentionné – participe de façon éminente au combat contre des stéréotypes funestes et encore trop répandus à l’égard de ce courant politico-religieux (dont hérite le judaïsme actuel) et, par extension, à l’égard du judaïsme tout entier (pharisien → juif → hypocrite). L’A. le fait en se basant essentiellement sur le témoignage de Flavius Josèphe, des évangiles et de la Mishna, sans accorder trop d’importance à la remise en cause récente du paradigme classique servant à interpréter la séparation entre juifs et chrétiens (voir D. Boyarin, S.C. Mimouni, etc.). Quoi qu’il en soit de cette éventuelle limite, Hadas-Lebel fournit des critères essentiels – et souvent, de bon sens – pour, non seulement éviter de faire des pharisiens les « méchants » de l’histoire, mais aussi pour montrer la grande proximité entre eux et Jésus. Un livre, aussi convaincant soit-il, ne suffira sans doute pas pour extirper de l’enseignement et de la prédication chrétiens certaines fausses représentations qui s’y trouvent encore, mais il est tout de même permis d’espérer – comme le pape l’exprime – que sa lecture, par une meilleure connaissance des pharisiens, contribue « positivement aux relations entre juifs et chrétiens, en vue d’un dialogue toujours plus profond et fraternel ». — D. Luciani