À travers ces entretiens avec Marc Leboucher, le P. Moingt retourne
aux sources de l'idée trinitaire et en retrace les développements.
La Trinité est premièrement reçue dans la profession de foi
chrétienne: «au commencement, il y eut le baptême» (I). La présence
de l'Esprit s'affirme distinctement à la suite de l'Incarnation du
Verbe. Des deux mains du Père et de la reconnaissance de sa
monarchie au déploiement des processions, l'économie et la
théologie symbolisent (II). Le chapitre III, la spécificité de la
foi trinitaire face aux grandes religions. L'A. marque ses justes
et coutumières réserves sur un dialogue interreligieux en recherche
d'accords sécurisants au risque d'«abandonner ce monde séculier qui
est le nôtre» (p. 64). Pour «penser le mystère», le chapitre IV
montre en référence à la linguistique la pertinence du terme de
«personne» (p. 72-76). La foi n'est pas qu'un mythe, elle est
intelligence du mystère et ne cesse d'ouvrir de nouveaux chantiers
rationnels. L'A. propose d'explorer la corrélation entre Trinité,
Corps du Christ et monde en écho à la pensée contemporaine
préoccupée de maintenir les liens entre pensée, langage, corps et
univers (p. 90). «Prier la Trinité» (comme Élisabeth de la
Trinité?, p. 91), oui sans doute: la prière chrétienne est
nécessairement trinitaire, «entrée dans la danse», dans la
«circulation de l'Amour» (p. 98), partage et communication (p. 95),
«échange de libéralité» (p. 107). La Trinité divine est maîtresse
d'humanité et de gratuité. S'il nous faut noter une timidité à
propos de la naissance virginale de Jésus (p. 79-80), la maîtrise
et la simplicité de ce livre s'imposent au lecteur réjoui. - A.
Chapelle, S.J.