Fils de paysans du Pô, le Père Caresana (1882-1973), prêtre en 1906, connut dès sa jeunesse les luttes contre les socialistes anticléricaux. En 1911, conquis par l'oratorien Bevilacqua, il entre lui-même à l'Oratoire et rejoint son modèle dans la communauté de Brescia qui attirait toute la jeunesse catholique de la ville. Beaucoup de jeunes le choisirent comme guide spirituel et, parmi eux, G.B. Montini dès 1913. Après la guerre, Caresana anima des syndicats, des ligues ouvrières et l'action catholique féminine. Jaloux de l'influence oratorienne sur la jeunesse, les fascistes attaquèrent les Pères et incendièrent même leur maison. Bevilacqua dut s'exiler à Rome. Supérieur de la communauté, Caresana refusait toute concession aux fascistes, mais Rome le pria d'être plus accommodant. Curé de l'Oratoire romain en 1934, Caresana retrouve là-bas Montini. De 1941 à 1957 il est nommé président de la Congrégation oratorienne, retourne ensuite à Brescia et y meurt en 1973.
La vie de G.B. Montini (1897-1978) est plus connue. Fils d'un journaliste engagé dans la politique, il est très tôt handicapé par sa santé. Dirigé par Caresana, il trouve sa vocation sacerdotale dans une retraite avec Bevilacqua. Ordonné en 1920, il entre à l'Académie des Nobles pour devenir diplomate. En 1923, il est aumônier national des étudiants catholiques et voyage beaucoup. Il entre à la Curie romaine et, en 1928, partage son appartement avec Bevilacqua chassé de Brescia. Caresana le rejoint en 1934. Devenu quasi secrétaire d'État de Pie XII avec Tardini, Montini est nommé archevêque de Milan en 1955. Jean XXIII le crée cardinal en 1958. Élu pape en 1963, il achève le concile et applique ses réformes.
La correspondance entre les deux hommes débute en 1915 et durera jusqu'à la mort de Caresana en 1973. Il reste 104 lettres de Montini et 183 de l'oratorien. Cette différence a plusieurs causes: entre 1925 et 1934, Montini voyage beaucoup et l'on croit qu'il détruisit bon nombre de lettres de son conseiller spirituel persécuté par les fascistes. Par contre, entre 1936 et 1953, Caresana n'a conservé que 3 lettres de Montini, probablement parce que, étant tous deux à Rome, Montini préférait lui téléphoner, tandis que son conseiller continuait à lui écrire pour moins le déranger. Cette correspondance aide à comprendre le milieu ardent de Brescia, la forte personnalité de l'oratorien, et surtout le caractère complexe et assez mystérieux de Paul VI. Ces lettres révèlent en effet ses incertitudes, ses doutes, ses découragements en même temps que son âme profonde et les motivations religieuses de toute sa vie. En tout, il cherche le primat du spirituel sur le social et le politique. Malgré des périodes de joie à Brescia et à Rome avec Bevilacqua, le fonds du caractère de Montini reste inquiet et incertain. Cette édition reproduit au plus près les textes originaux de cette double correspondance et les notes aident à mieux saisir le texte, ainsi que les allusions et les personnages dont il est fait mention. - B. Clarot, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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