Même si elle reprend la traduction des Carmélites de Paris en
l'amendant, c'est bien une nouvelle édition de «l'autobiographie»
thérésienne que l'on trouve en ces pages, précédées d'une
excellente introduction du meilleur des connaisseurs, et suivies,
pour combler notre joie, de l'ensemble des Relations de la Madre,
de 1560 à 1579. On soulignera, dans l'introduction, la brève incise
sur l'ascendance juive de Thérèse, du côté du grand-père paternel
(V), encore trop peu connue, et sur laquelle elle demeura toute sa
vie parfaitement silencieuse. Mais la grande nouveauté du Livre de
la vie, outre l'introduction particulière revue par le P. Baudry et
les notes remises à jour, c'est à notre avis de faire passer
Thérèse, à de rares exceptions près, du vouvoiement auquel on était
habitué, quand elle rapporte son discours direct envers «Sa
Majesté», au tutoiement tellement plus moderne, mais aussi plus
prenant: «Toi même, Seigneur, tu n'a rien négligé pour que, dès ce
jeune âge, je sois tout à toi» (19); «Que fais-tu, ô le
tout-puissant Maître de mon coeur?» (331). Dans l'espace entre ces
deux apostrophes s'étend le récit des commencements de la vie et de
la réforme (jusqu'en 1565), mais aussi, des grâces et des manières
d'oraison de celle que l'Église nomme à bon droit la «mère des
spirituels». - N. Hausman, S.C.M.