Né à Bourg d'Iré, petite localité angevine qui connut son heure de
gloire au temps de la présence du comte de Falloux, au sein d'une
famille de meuniers qui s'établit quelques années plus tard à
Angers, Pierre Péteul entre chez les Capucins en 1907. Il sera
formé en Belgique et à Rome, et aussi à l'école toute spéciale de
la Grande guerre durant laquelle il sert comme brancardier. Tôt, il
est désigné comme professeur de théologie, tâche qu'il accomplira
durant de très nombreuses années, en particulier auprès de ses
jeunes confrères. Certes, il ne mènera pas à proprement parler une
carrière de chercheur en cette discipline, mais cela l'ouvrira en
particulier au monde juif et à l'antisémitisme virulent de
l'époque. Ce qui le conduira, à Marseille, à Nice et à Rome, à se
dépenser sans relâche pour sauver des Juifs victimes de la barbarie
du temps, et lui vaudra, en 1967, d'être compté parmi les Justes
des nations. Signalons également qu'il fut, pendant quelques
années, un compagnon de résidence de Padre Pio. Voilà qui résume à
très grands traits l'ouvrage de G. Cholvy, nettement plus riche que
ces lignes pourraient le laisser croire. Car, en suivant la longue
vie du capucin, on est finalement amené à suivre presque tout un
siècle d'histoire religieuse contemporaine, et même d'histoire
générale, en partant certes d'un point de vue particulier, mais qui
n'en est pas moins intéressant. C'est le cas bien sûr de tout ce
qui concerne les années d'enseignement de la théologie par le
capucin, alors que la crise moderniste était encore fort prégnante,
ou ce qui a trait à son action en faveur des Juifs en une période
marquée par les totalitarismes fascistes. On sera tout aussi
attentif à ce qui est dit à propos du demi-siècle qui suivit la
Seconde Guerre mondiale: en partant de la vie du religieux, on est
introduit à l'univers capucin de ces décennies, et dès lors, par
ces deux biais, à toute la vie de l'Église qui connut bien des
rebondissements, des crises et des richesses. - B. Joassart sj