Ce deuxième volume des Mémoires de H. K. couvre les années qui
suivent le Concile jusqu'au retrait à l'A., par Rome, de sa mission
canonique comme enseignant à l'Université de Tübingen. Cette
période fut plutôt mouvementée pour celui qui, dans la foulée de
Vatican II, étudia de près des questions fondamentales de la foi
catholique, tels l'infaillibilité pontificale, à la suite de la
promulgation d'Humanae vitae, les fondements de l'être chrétien ou
encore l'existence de Dieu. Que faire de ces mémoires? Elles sont
intéressantes car elles livrent bien sûr une vision de l'évolution
de l'Église et plus largement du monde de l'Après-concile, entre
autres dans le cadre de la vie théologique en Allemagne qui
présente un contexte relativement différent de l'aire francophone.
Par ailleurs, elles témoignent également de la vie intellectuelle
d'un homme qui voyagea beaucoup et eut l'occasion de rencontrer
d'autres univers de pensée que celui de ses origines. Inutile de
s'appesantir longuement: tout un chacun sait que H. K. est, depuis
longtemps, en délicatesse avec Rome… Ces mémoires sont largement
dominées par les rebondissements successifs de la confrontation,
l'A. instruisant un ample dossier à charge des autorités
religieuses catholiques. Bien sûr, on serait curieux d'avoir le
dossier «adverse». Qui n'entend qu'une cloche, n'entend qu'un
son!Il est toujours très délicat d'apprécier les intentions d'un
auteur. Nul doute que H. K. était - et vraisemblablement est encore
- animé de «bonnes intentions», voulant «aculturer» la foi
chrétienne à notre temps. Et s'il est utile de lire ces mémoires
parce que précisément elles sont un regard sur l'histoire immédiate
de l'Église, elles ne manqueront certainement pas de provoquer des
réactions. En rendant compte du premier tome, je m'étais étonné du
ton souvent désabusé adopté par l'A. Dans ce second volume, on est
frappé par une note dominante, qui est souvent bien acide: il
ressort que, tant vis-à-vis de la hiérarchie officielle - le plus
souvent représentée par des membres de la Curie romaine, en
particulier un certain Joseph Ratzinger qui est comme le «double
inversé» de l'A. - qu'à l'égard de bon nombre (pour ne pas dire
plus) de collègues théologiens, H. K. adopte l'attitude du «je
t'aime, moi non plus». On serait d'ailleurs intéressé de savoir la
signification exacte du sous-titre: «une vérité contestée». - B.
Joassart sj