Metamorfosi della sinodalità. Dal Vatican ii a papa Francesco

Carlo Fantappiè
Teologia - reviewer : Alphonse Borras

Le concept de synodalité est, comme tout concept, abstrait. Il importe de le souligner. Il fait actuellement l’objet de nombreuses publications selon un large éventail d’approches. Sans négliger l’indispensable référence à la théologie qui voit dans la « synodalité » la dynamique par laquelle l’Église chemine comme peuple de Dieu dans l’histoire pour y témoigner de l’avènement du Royaume, l’approche canonique traite de la régulation juridique des institutions synodales de l’Église. C’est la perspective de l’A., professeur ordinaire de droit canonique à l’Université de Roma Tre et professeur invité à l’Université pontificale Grégorienne.

L’A. entend mettre la synodalité « en perspective historique », ou selon ses termes d’« historiciser la synodalité » (p. 7-14). On ne peut en effet faire abstraction de la genèse des institutions synodales ni de leurs développements au fil des siècles. L’ouvrage se subdivise en trois chapitres portant successivement sur la « genèse du concept » depuis Vatican II (p. 15-33), les « développements doctrinaux » jusqu’à ce jour (p. 35-59) et « la réception de l’idée d’Église synodale et ses limites » (p. 61-103).

L’extension sémantique actuelle du concept de synodalité peut entraîner des risques de confusion dans la réflexion théologique et canonique dès lors que tout – et n’importe quoi – peut devenir « synodal ». Les « Métamorphoses de la synodalité » considérées par l’A. vont « de Vatican II au pape François ». On assiste au passage de la synodalité au sens strict entendue selon la tradition bimillénaire de célébration de synodes et de conciles, vers la synodalité au sens large et même extensif des institutions inspirées des principes ecclésiologiques de Vatican II de collégialité épiscopale et de participation des fidèles, comme le synode des évêques, le synode diocésain, les conférences épiscopales, les consistoires, etc.

À partir de la conception de la synodalité du « cheminer ensemble » chez le pape François, l’A. s’interroge sur sa portée effective sans cesse enrichie dans le processus synodal en cours. Il constate à ce propos le recentrage sur le Synode des évêques pour le gouvernement de l’Église (cf. le binôme « centralisation synodale & décentralisation ecclésiale », p. 114). Liée à la réforme de l’Église, telle serait la « nouvelle synodalité » : d’où la nécessité selon l’A. de définir les critères de représentation ecclésiale, la méthodologie des assemblées concernées, leurs buts respectifs à court et moyen termes, les procédures consultatives autant que délibératives, les contenus concrets de leur questionnement et discernement, etc.

Tout en rappelant ce qui relève du droit canonique pour le présent et pour l’avenir, l’A ne manque cependant pas de déplorer l’insuffisante réflexion critique sur l’expérience des synodes nationaux post-conciliaires – sans doute songe-t-il au synodaler Weg allemand – et regrette que cette lacune n’ait pas permis d’apporter les correctifs indispensables à leur fonctionnement. À l’occasion de ces assemblées et autres événements synodaux, a-t-on suffisamment réfléchi sur les présupposés de la participation requise de tous les fidèles, pasteurs compris ? A-t-on par exemple vraiment progressé sur le rôle du laïcat dans l’Église et sur ses formes institutionnelles plutôt que sur la démocratisation des structures ecclésiales ? Ou encore, a-t-on avancé dans la décentralisation des pouvoirs et fonctions aux Conférences épiscopales ?

L’ouvrage conduit à réfléchir sur le gouvernement de l’Église reposant depuis un millénaire sur le pape, la curie romaine et le collège cardinalice. On passerait ainsi d’une « Église hiérarchique » à une « Église synodale » misant sur la participation régulée des fidèles à la vie et à la mission du peuple de Dieu et appelant de ce fait un ajustement de l’exercice de l’autorité pastorale. La synodalité entendue en tant que pratique délibérative se généraliserait ainsi dans tous les domaines de la vie ecclésiale. C’est vers un nouveau modèle d’Église, non seulement spirituel mais aussi institutionnel que tend donc la « dynamique synodale » imprimée à l’ecclésiologie du peuple de Dieu : « après les modèles grégorien, tridentin, juridico-sociétaire et celui du peuple de Dieu, voilà le modèle de l’« Église synodale » en tant que “développement” de l’ecclésiologie de Vatican ii » (p. 113).

L’ouvrage est stimulant dès lors qu’il fait réfléchir sur la « rhétorique inflationniste » actuelle sur la synodalité en nous rappelant que celle-ci concerne d’abord et avant tout les institutions et les procédures régulant le « cheminer ensemble » du peuple de Dieu. En évoquant les excès rhétoriques et surtout les aspects problématiques de la « nouvelle synodalité », l’A. laisse cependant entrevoir une pointe d’amertume sur le processus actuel (cf. p. 115-116) alors que la crise systémique actuelle de l’Église encourage à une « nouvelle et plus radicale réception de Vatican II » moyennant une réflexion en profondeur sur les présupposés idéologiques et la légitimation doctrinale de la participation dans les assemblées ecclésiales (cf. p. 117). — A.B.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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