L'attitude de Nicolas de Cues à l'égard de l'islam et plus précisément du Coran est-elle demeurée constante ? Entre le De pace fidei de 1453 et la Cribratio Alkoranide 1460-1461, la prise de Constantinople et les rapides avancées des armées turques dans les Balkans ont-elles provoqué un durcissement de ton et une modification des positions théologiques ? Les Actes d'un colloque à l'Institut cath. de Rennes tentent de répondre à ces interrogations bien ciblées. Outre l'évolution des relations internationales et la diversité des positions au sein du monde chrétien, les huit contributions examinent surtout les enjeux doctrinaux et la méthode adoptée par Nicolas de Cues. Si le Coran, outre des influences juives, porte nettement la marque d'enseignements chrétiens hétérodoxes (de type nestorien), il doit être possible d'en pratiquer une lecture positive (pia interpretatio) qui fasse ressortir ce soubassement chrétien, quitte à le soumettre à une opération de tamisage (cribratio) afin de séparer le bon grain de l'ivraie.
Bien qu'elle demeure apologétique et convaincue de la supériorité de la vérité chrétienne, une telle démarche, loin d'encourager l'affrontement militaire, part du principe que (juifs,) chrétiens et musulmans, s'ils se parlent de manière raisonnable et pacifique, peuvent se reconnaître mutuellement, en dépit de leurs différences, comme des croyants qui partagent une foi dans le Dieu unique qui a envoyé les prophètes. Cette démarche positive a plus d'une fois permis à Nicolas, par « une singulière clairvoyance », de rejoindre dans le Coran et la foi de l'islam, des intuitions auxquelles la plupart des auteurs chrétiens (et parfois musulmans) sont demeurés insensibles. En ce sens, malgré les limites de la documentation et notamment les défauts des traductions coraniques disponibles, l'entreprise du Card. conserve aujourd'hui une certaine validité. De là à convaincre l'interlocuteur musulman, il y a bien évidemment de la marge : à la lecture christianisante du Coran répond en effet la lecture islamisante que le Coran propose de Jésus et des sources chrétiennes… - Corr. p. 72 n. et 194 :Schlaglichter. - J. Scheuer s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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