Nouvelle ou éternelle Alliance? Le message des prophètes

Bernard Renaud
Sacra Scrittura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Nos lecteurs connaissent bien l'A., professeur émérite d'Écriture sainte à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg, notamment par ses commentaires du prophète Michée (Gabalda, 1964, 1977 et 1987) et ses études sur le livre de l'Exode (Gabalda, 1991, 1998; cf. NRT 120 [1998] 626). Dans ce nouvel essai, il ramasse ses recherches autour du thème de l'Alliance chez les prophètes. Deux théologies entrent en concurrence, la deutéronomique, qui prend acte de l'infidélité d'Israël et qui souligne la «nouveauté» du pardon divin; la sacerdotale, qui met en évidence l'inconditionnel de la promesse divine, et par conséquent son caractère infrangible, voire «éternel». Comment cette double théologie, celle de Jérémie et celle d'Ézéchiel, se trouve-t-elle réassumée dans le N.T., où Paul et la lettre aux Hébreux soulignent la rupture, Marc et Matthieu la continuité?. Par quel chemin de tradition postexilique peut-on parvenir à la superposition des deux expressions, «nouvelle et éternelle Alliance» qu'on retrouve aujourd'hui dans notre prière eucharistique?
Une introduction, dense et succincte, pose le problème des deux traditions, puis l'A. développe la perspective théologique des prophètes qui les reprennent. Deux chapitres sont consacrés à Jérémie - la Nouvelle Alliance (Jr 31,31-34) - et aux disciples du prophète (Jr 32 et 50) qui parlent d'Alliance éternelle. Prennent le relais ensuite les disciples d'Ézéchiel, avec l'analyse des chap. 16, puis 34 et 37: de quelle nature est l'Alliance de paix, fondée sur David et sa maison avec promesse d'une Alliance pour toujours? La prophétie d'Isaïe est alors prise en compte: le livre de la consolation, avec l'Alliance de paix du chap. 54 et l'Alliance éternelle du chap. 55, dans la double symbolique matrimoniale et rédemptrice; puis viennent les Chants du Serviteur de Dieu, où celui-ci devient lui-même «Alliance du peuple» en Is 42 et 49. La troisième partie du livre d'Isaïe (chap. 56 à 66) est aussi sondée avec précision: «Alliance éternelle» au chap. 61, «Alliance à venir» en 59,21. La même expression «Alliance à venir» est à son tour examinée en Os 2,20 dans son cadre eschatologique, alors que reparaît «l'Alliance éternelle».
Ce travail minutieux de lecture et d'interprétation des textes prophétiques sur l'Alliance est le fruit d'une longue familiarité avec l'Écriture et d'un enseignement poursuivi tout au long d'une carrière studieuse. En arrière-fond transparaissent des options historico-critiques à réévaluer par les chercheurs, mais le lecteur ne peut qu'admirer la rigueur et la finesse avec lesquelles l'A. analyse les textes dont il possède une profonde connaissance. Si l'étude peut paraître ardue aux commençants, les exégètes et les théologiens y trouveront ample matière à réflexion sur un thème essentiel. - J. Radermakers, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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