Les quatre conférences données en 2015 dans le cadre de la
Fondation Sedes Sapientiae peuvent s'apparier
deux à deux. En se prononçant sur le lien entre politique et
morale, Céline Ehrwein Nihan, théologienne suisse, rejoint à sa
manière le propos de Dominique Greiner, assomptionniste, directeur
de La Croix, qui entend réconcilier l'éthique et
l'économie. Mais alors que la première raisonne surtout au niveau
philosophique pour clarifier les concepts et monter leur nécessaire
articulation, le second est plus résolument théologique en citant
la doctrine sociale de l'Église comme correctif salutaire des
« lois » économiques. Les deux autres contributions sont
plus audacieuses : Dominique Jacquemin, infirmier prêtre,
prend le risque de justifier la transgression euthanasique - telle
qu'on la connaît en droit belge - en invoquant tour à tour le don
divin de la vie, la parabole du Bon Samaritain et la descente aux
enfers, plaidant pour un accompagnement pascal du malade qui
demande qu'on mette fin à ses jours : mais peut-on, sans
distorsion grave, invoquer Pâques pour justifier le don de la
mort ? Quant à Walter Lesch, prof. à Louvain-la-Neuve, il met
de la clarté dans la catégorie passablement confuse
du gender pour souhaiter à juste titre une plus
grande ouverture de l'Église aux études de genre, tout en évitant
leur idéologisation. Il reste à voir si la sagesse des positions
ecclésiales (pape François compris) sur le caractère fondateur de
la différence sexuelle ne méritait pas, de la part de l'A., un
meilleur traitement : n'est-ce pas J.-M. Ferry lui-même,
cité d'ailleurs par le doyen Éric Gaziaux en conclusion de
l'ouvrage, qui fait appel auxlumières de la religion ?
- X. Dijon s.j.