Les lecteurs reconnaîtront en l'A. ce «passionné de mots et de littérature» qui ne nous cache rien de sa «lecture passionnée de Charles Péguy», de sa dette envers Karl Barth, Jean-Baptiste Metz, Michel de Certeau; de ce qu'il appelle «les dramaturgies de Kierkegaard, Bernanos, Mauriac, Green et Greene, «les visions de Teilhard, Maritain, Fessard» - qui, à ses yeux, avaient le mérite d'«implanter les contradictions», de «jeter le trouble autant que la lumière» et de vous poursuivre «dans vos aventures et vos désordres». Ce qui, par contraste, l'amène à ce sévère diagnostic: «À présent, c'est l'éclipse. Rare est l'écriture que [ces auteurs] inspirent…» (p. 24).
Quant aux «mots», l'A. excelle à leur redonner une expressivité trop souvent affadie par l'usage, ainsi: «insolent», du latin insolens, «qui n'a pas l'habitude de» (rac. solere). Et de plaider «pour un christianisme souple et allègre, humble et pudique».Il s'agit donc de «redécouvrir, dans la perte de son influence sociale et la ruine de ses prétentions hégémoniques, que la faiblesse native du christianisme est sa grâce propre et comme la force qui le constitue». La vigueur, voire la verve, avec lesquelles l'A. critique certains comportements ou préjugés anachroniques, n'est nullement incompatible avec l'espérance qui, de part en part, anime son projet. Cette «petite fille Espérance» évoquée par Péguy, «qui considérait que l'Église ne pourrait jamais périr de vieillissement, au nom même de la vertu théologale d'espérance qui est essentiellement «contre-habitude».
Convenons-en avec l'A.: «Peut-être qu'en cette époque de l'histoire, l'Église, contre toute évidence sociologique, n'a jamais été aussi jeune. Parce qu'il lui faut recommencer à vivre dans un monde qui a appris à se passer d'elle, elle réapprend qu'elle est commencement; elle se souvient qu'elle est née de la résurrection de Jésus». Gardienne du mystère de ce Dieu incarné, c'est elle qui empêche que son Évangile soit définitivement recyclé dans la vieille lessiveuse syncrétiste - P. Lebeau sj

newsletter


the review


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80