L’ouvrage s’attache à recueillir l’héritage de Vatican ii en revenant à l’enseignement dispensé par le Concile, tout en vérifiant ce qu’il a apporté à l’Église.

La première partie entend montrer qu’il était « nécessaire » pour faire face à la modernité, que l’A. identifie à une rupture civilisationnelle. L’A. évoque le contexte historique (guerres mondiales et déchristianisation), théologique (crise moderniste et influence de penseurs comme Newman ou Guardini), avant d’en venir aux enjeux ecclésiologiques. Il manque sans doute les enjeux missionnaires liés à la « mondialisation » de l’Église.

La deuxième partie s’ouvre sur le déroulement du Concile et le rôle joué par Jean xxiii, dont l’A. identifie l’intention à un souci christocentrique et missionnaire – sans guère de mention d’un aggiornamento ! Il relit ensuite les textes majeurs en proposant, à chaque fois une clé de lecture ; par exemple l’adoration pour Sacrosanctum concilium, ou la lecture de Lumen Gentium à partir de la sacramentalité.

La dernière partie propose des clés de lecture pour l’ensemble du Concile, en partant de la critique de Maritain. L’A. montre alors comment les papes successifs ont interprété le Concile. Il commence par ce qu’il nomme le « grand désarroi » de l’Église sous le pontificat de Paul vi, puis offre un résumé du magistère de Jean-Paul ii dans cette perspective. Pour lui, Jean-Paul ii et Joseph Ratzinger puis Benoît xvi auraient « corrigé les lectures déformées » du Concile. Il s’agissait, selon l’A., de « fournir des clés pour le ’’concile sans clé’’. »

C’est finalement dans le synode de 1985 que l’A. trouve le moment central d’interprétation autorisée du Concile ; sa « clé maîtresse » serait « la nature christocentrique et évangélique de l’Église », et donnerait une « boîte à clés contenant plusieurs des clés du concile ».

Si l’ouvrage cherche des « clés » d’interprétation du Concile dans les textes eux-mêmes puis dans le magistère pontifical, c’est avec profit… mais il appelle d’innombrables compléments, tant la réception ecclésiale et théologique du Concile déborde ce qui est ici rapporté. Finalement, l’ouvrage résonne comme l’inventaire très personnel de l’héritage conciliaire que fait, six décennies après l’événement, une figure majeure du catholicisme américain. — F.O.