Quoi qu’il en soit de l’appel final au libre choix du célibat, appel somme toute banal tant il en est d’autres semblables, ce livre nous offre six récits de vie dont bien des pages peuvent donner à penser et à vivre par la profondeur d’humanité et de foi qu’elles expriment. Trois de leurs auteurs exercent encore leur ministère, trois l’ont quitté depuis longtemps pour se marier. Quelques thèmes incontournables avaient été « imposés » aux auteurs de ces textes : « devenir humain », la rencontre du Christ et le devenir chrétien avant toute considération sur l’Église. Soulignons quelques pages : celles qui parlent du salut concrètement expérimenté en montagne par M. Salamolard, ce qui lui donnera de confesser combien « dans l’infime », il a pu prendre « conscience de l’immense » ; celles qui nous parlent du vieillissement et de la mort à apprivoiser sous la plume de F. Gachoud et C. Ducarroz. Tous témoignent de ce que ce dernier nomme « la loi de l’incarnation » : « tout ce qui est humain peut devenir divin ». D’où, toujours sous sa plume, une belle méditation sur l’eucharistie rapportée par le récit lucanien des disciples d’Emmaüs : « une messe qui commence dans la rue et qui ne finit jamais ».

La qualité de vie de ceux qui ont quitté le ministère presbytéral pour pouvoir se marier peut certes inviter à les rappeler à l’exercer et, plus largement, plaider pour l’ordination d’hommes mariés. Mais on peut aussi y entendre l’appel à une heureuse pluri-ministérialité tant ces hommes demeurent, chacun à leur manière, des ouvriers dans la vigne du Seigneur, tant le ministère presbytéral a trop occupé à lui seul le pôle ministériel dont l’Église a besoin pour garder vive la mémoire de son identité, pôle qui se doit d’être divers afin de pouvoir servir en tout lieu le règne qui vient. — A.-M. Petitjean a.s.