Redeeming Nietzsche. On the Piety of Unbelief

G. Fraser
Teologia - reviewer : Léon Renwart s.j.
Friedrich Nietzsche (1844 1900) est surtout connu pour avoir proclamé la mort de Dieu. C'était cependant un penseur profondément marqué par la tradition chrétienne protestante dans laquelle il avait été élevé. Si son athéisme militant est bien connu, il est plus rare de voir mis en lumière l'aspect théologique résiduel de sa pensée. Giles Fraser se propose de le montrer. N. a rejeté Dieu (mais que mettait il sous ce nom?), il est cependant resté obsédé sa vie durant par la question du salut de l'homme. Cest au cours détudes destinées à le préparer à succéder à son père que ce fils et petit fils de pasteurs en vint à rejeter, entre autres sous l'influence des écrits de Schopenhauer, une sotériologie cherchant à améliorer l'homme par le recours à un salut venant de l'extérieur tel qu'il le découvrait dans le piétisme. Mais la préoccupation du salut de l'humanité se retrouve dans tous ses essais et leurs échecs , qu'il s'agisse de la vérité, la moralité, l'éternité, etc. F. attribue ceux ci à l'incapacité de N. de faire totalement face aux profondeurs de la souffrance humaine; il idéalise celle ci. Son piétisme lui fait rejeter tout ce qui déloge l'individu de sa position souveraine, celle précisément que le christianisme traditionnel attribue à Dieu. Cette même peur de l'autre explique aussi son attitude envers le mariage, car il cherche la vérité sans voir que l'amour est nécessaire pour y parvenir.
Fraser témoigne dans ces pages d'une très large connaissance de N., de la place qu'il occupe dans le développement de la pensée luthérienne et des commentaires que son oeuvre a suscités jusqu'à ce jour. On lui en sera reconnaissant, même si c'est avec un certain regret que l'on referme son livre. Fraser a en effet entrevu certains aspects de la pensée de N. qui ouvrent la voie à un approfondissement des problèmes que celui ci a posés sans arriver à les résoudre, mais il ne semble pas les avoir explorés. Relevons les deux plus importants: p. 73, il note que ce n'est pas Dieu en lui même que N. a rejeté; p. 165, il fait remarquer que N. n'a pas vraiment pris conscience qu'il ne pouvait y avoir de pleine saisie de la vérité sans amour. De la Shoah, dont F. étale volontiers les turpitudes, il n'a pas retenu le regard d'amour du P. Maximilien Kolbe envers le gardien qui le menait à la chambre à gaz ni le cri de celui ci: «Ne me regarde donc pas comme cela !» - L. Renwart, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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