Voici donc un recueil des plus érudits nous présentant la vie religieuse des Hittites, sous l'angle d'une sélection représentative des textes conservés dans ce domaine.
Ce peuple largement méconnu du public même cultivé - à part peut-être la figure du malheureux Urie - est bien présenté dans l'introd. de l'ouvrage. Ce qui est frappant, c'est sans doute l'aspect « multiculturel » de l'empire qu'ils fondèrent, qui se reflète dans les textes religieux : comme dans le cas de plusieurs empires polythéistes de l'Antiquité, mais à un degré particulier, les peuples absorbés politiquement le sont aussi culturellement. Ce qui veut dire que les rites et mythes pratiqués par les Hittites sont en plusieurs langues et font cohabiter plusieurs cycles de symboles. Les univers des indigènes Hattis d'Anatolie, des indo-européens Hittites proprement dits, des Hourrites du Mitanni et même des sémites syriens ou mésopotamiens coexistent ainsi dans la même religion, surtout dans les sphères liées au pouvoir, soucieux de rassembler les peuples sous leur domination jusque dans leurs divinités.
On peut relever à la lecture des liens surprenants, comme celui du cycle mythique hourrite et de la Théogonie d'Hésiode, mais on peut surtout se faire ainsi une bonne idée de la représentation du lien entre l'être humain et les dieux chez un peuple voisin de la terre de Canaan pendant une longue période de l'histoire. - G. Kirsch