S'aimer pour se donner. Le sacrement de mariage

Alain Mattheeuws s.j.
Morale e diritto - reviewer : Hubert Thomas
La réflexion tant philosophique que théologique sur le mariage a une histoire. Augustin, on le sait, a développé les «biens» du mariage tandis que Thomas d'Aquin a élaboré une doctrine des «fins». Ces conceptions n'on pas cessé de marquer l'enseignement de l'Église. Mais il n'est sans doute plus possible aujourd'hui de reprendre comme tel ce vocabulaire, il faut trouver une autre approche qui assume, sans détruire, ce qui a été dit. L'intention du P. Mattheeuws est de montrer comment la réflexion sur le sacrement de mariage est renouvelée de fond en comble au travers de la catégorie du don. Il ne prétend pas d'ailleurs à l'originalité de son approche puisqu'il la trouve mise en relief dans la doctrine de Jean-Paul II. C'est cet enseignement qu'il reprend en en déployant systématiquement toutes les dimensions.
Dans un premier chapitre, l'A. construit toute une anthropologie philosophique du don appliquée à la relation de l'homme et de la femme. Issu, chacun du don du Créateur, constitué chacun comme sujet par un don originaire, l'homme et la femme peuvent être l'un pour l'autre et dans leurs différences propres, un don qui les engendre chacun à soi et pour l'autre.
Le deuxième chapitre est consacré au sacrement de mariage. «Pourquoi encore passer par le sacrement?», se demande-t-on aujourd'hui? L'A. montre comment une théologie du don peut donner à comprendre et à vivre autrement l'union conjugale. Le troisième chapitre porte sur l'enfant. On pourrait dire que l'on passe ici à une éthique du don puisqu'il s'agit, toujours dans l'optique du don, de réfléchir à toute la question de la procréation et de ses implications morales.Toute cette réflexion très forte et très riche, s'origine, ne l'oublions pas, dans une métaphysique où l'Être est reconnu comme don et donc intrinsèquement bon. Seule cette assise a de quoi fonder l'être humain comme être-de-don. L'A. a réalisé là une belle synthèse qui, englobante, a de quoi ouvrir des brèches dans une mentalité contemporaine contaminée par une «culture de mort» et perdant de vue la bonté foncière de l'Être.
Pastoralement, la réflexion pourrait entrer plus franchement en dialogue avec le questionnement de nos chrétiens contemporains. On peut regretter aussi qu'une écriture très conceptuelle freine une approche plus simple de ces choses fondamentales. Il est vrai que la collection où cet ouvrage prend place… donne raison à l'A. - H. Thomas, O.S.B.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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