Sapere e sperare. Percorso di metafisica

Paul Gilbert s.j.
Filosofía - reviewer : Bruno Clarot s.j.
La métaphysique avait mauvaise presse depuis les débuts du XXe s. parce qu'on l'avait souvent réduite à un pur formalisme, à une technique abstraite et loin de ce réel qu'elle croyait connaître en profondeur. Depuis 20 ou 30 ans, on la voit redresser la tête timidement et Paul Gilbert, professeur à la Grégorienne et prix Mercier de philosophie à Louvain-La-Neuve, a illustré ce redressement dans un langage abordable.
Le présent recueil reprend 15 articles parus ces 15 dernières années et qui développent certains chapitres de ses deux grands livres, «La simplicité du principe. Prolégomènes à la métaphysique» (1994) et «La patience d'être. Métaphysique» (1996), tous deux parus à Namur aux éditions Culture et Vérité, devenus aujourd'hui Lessius à Bruxelles. La première partie expose les options fondamentales de la métaphysique définie comme «science de ce qui est», mais en tenant compte de la façon actuelle d'envisager l'être: l'insistance sur la personne, chaque fois unique, l'engagement de la liberté et une raison capable de discerner. La deuxième partie parcourt les orientations les plus importantes de l'épistémologie métaphysique dont l'analogie, tant décriée, constitue le centre. P.G. montre que l'époque moderne en parle encore, mais sous forme réflexive en laissant porter son attention sur l'acte de penser, la pensée en acte. Avec Maurice Blondel, il insiste sur l'ouverture de l'esprit à la transcendance, par delà les moyens scientifiques.
La troisième partie aborde les conséquences postmodernes de pareille situation et présente trois penseurs italiens situés dans l'intervalle entre sciences exactes et savoir métaphysique: Severino pour la logique, Natoli pour la sagesse, et Cacciari pour l'interprétation de l'histoire d'Occident. P.G. affirme que le savoir ne peut être unifié sous un seul principe. La quatrième partie ajoute que la métaphysique se fixe sur un acte de penser plutôt sur de pensées déjà achevées; elle trouve sa place là où les sciences rencontrent leurs limites; par exemple les mots «moi», «infini», «Dieu» échappent aux prises de l'analyse scientifique. Mais un surplus du langage permet au langage de fonctionner et c'est là que se situe la métaphysique.
D'où la cinquième partie, «Invocation», car la métaphysique ne met pas la main sur l'être et s'arrête avec respect au terme de son parcours. L'expérience du mal ramène l'esprit au sens du réel, car l'homme porte une lourde responsabilité dans le mal. Il faut alors faire taire la raison prétentieuse et savoir cheminer avec ceux qui luttent contre le mystère d'iniquité pour arriver parfois au pardon. L'interprétation philosophique du pardon suppose l'approfondissement de la catégorie du «don». La raison peut parvenir à comprendre que sa nature est d'être donnée à elle-même comme une grâce, qui est un don, et qu'elle est appelée à la perfection de ce don. Alors la raison pourra mettre la science au service d'une espérance humaine raisonnable et éthique, pour le bien de tous.
Pareille métaphysique est de nature à retrouver l'estime de l'homme moderne, car elle est sortie du seul «être-en-tant-qu'être» et tient compte, avec modestie, des avancées de la philosophie et des sciences. Livre admirable et abordable. - B.C.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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