Sermons pastoraux, éd. A. Renaud
Louis BouyerStoria del pensiero - reviewer : Bertrand Lesoing c.s.m.
Louis Bouyer s'est essayé à tous les registres qu'ouvre la théologie : études bibliques et patristiques, recherches liturgiques, histoire de la spiritualité, chroniques de presse ou encore brûlots cinglants. L'homilétique semblait absente de ce vaste panel. La récente découverte suivie de l'édition de 58 de ses sermons vient fort heureusement combler cette lacune. Ces sermons ont été prononcés alors que le jeune théologien était encore pasteur luthérien - il est entré dans l'Église catholique à la veille de la seconde guerre mondiale, en 1939. Le titre choisi, Sermons pastoraux, fait immanquablement penser à J.H. Newman, auquel L. Bouyer s'est très souvent référé, pour ne pas dire identifié. La tonalité est pourtant ici assez différente : il n'est nullement question de la psychologie de l'acte de foi et la dimension apologétique est totalement absente. Au fil des sermons, classés selon l'année liturgique, L. Bouyer médite sur les grands mystères de la foi. Déjà apparaissent certains accents qui marqueront sa théologie ultérieure : l'attachement à l'Église corps du Christ et à ses sacrements, la liturgie comme lieu de rencontre avec Dieu. La prédilection pour l'évangéliste Jean affleure, entre autres, dans le commentaire des « Je suis » de Jésus (25-30). Les sermons sur l'unité chrétienne (10-11), la fête de la Réformation (49) ou encore le mystère de l'Église (57) retiennent l'attention par leur perspective résolument oecuménique. L'ouvrage constitue ainsi un témoignage unique sur les sources de la réflexion théologique de L. Bouyer. Y est mis en oeuvre ce qu'il formalisera un peu plus tard : « L'homélie pastorale, c'est vraiment la Parole divine, que la liturgie elle-même annonce, telle qu'elle l'annonce, portée jusqu'aux sources de la vie profonde des fidèles qui sont assemblés d'abord pour l'entendre » (Le sens de la vie sacerdotale, p. 66). - B. Lesoing c.s.m.