Dans cette nouvelle étude sur le soufisme du monde turc (voir
déjà NRT 130, 2008, p. 409), l'A.,
dominicain vivant à Istanbul, s'attache à situer dans l'espace les
hommes et les confréries, les réseaux de maîtres et de disciples.
Espace géographique et historique : les routes de l'Anatolie,
où convergent les apports de tout l'univers islamique, puis les
fondations et couvents de la capitale. Mais aussi espace culturel,
social et symbolique, où se déploient les tensions entre
l'orthodoxie sourcilleuse des prédicateurs de mosquées et les
pratiques spirituelles souvent moins conventionnelles des
soufis ; espace des controverses doctrinales et des manoeuvres
politiques, sous les sultans ottomans. Depuis 1925, sous la
république laïque, les couvents sont fermés et toute manifestation
publique est interdite. À Konya, la danse autrefois en honneur chez
les derviches s'adresse-t-elle aux seuls touristes ? Il semble
au contraire qu'au moins la figure et l'oeuvre de Mevlâna Rûmî
demeurent présentes dans la culture et même dans la spiritualité.
- Fondée sur une bibliographie de 20 pages (pour une large
part en turc ottoman ou moderne), cette étude érudite s'adresse à
des lecteurs motivés. Entre les chap. bourrés d'informations
minutieuses, des « intermèdes » contenant la trad. de
brefs textes apportent une respiration
bienvenue. - J. Scheuer s.j.