Les éditions Città Nuova et Marianum conjointes commencent la
publication d'un ouvrage monumental qui ne recoupe qu'en partie
l'excellent dictionnaire de S. De Fiores (cf. NRT 129 [2007] 684).
Il s'agit d'une histoire de la Mariologie qui doit comporter trois
volumes, chacun sous la direction de deux responsables. Le
directeur général du projet, S.M. Maggiani ouvre la série par une
introduction globale où il montre comment en mariologie, la
théologie, l'histoire et la culture sont intimement liées, puis il
introduit ce premier tome en esquissant sa structure: naissance de
la mariologie en Jésus, Parole de Dieu fait homme, né de la femme,
d'où le premier modèle littéraire biblique-narratif, auquel se
joint le motif apocryphe. Puis vient l'amplification du modèle
patristique qui réfléchit sur l'incarnation salvifique du Verbe
divin et sa réception en humanité par Marie, avec les grands
conciles de Nicée, Éphèse, Chalcédoine, Latran et Nicée II. Le
titre de «Mère de Dieu» décerné à Marie doit être bien compris,
d'où différents modèles littéraires pour servir à son
interprétation, dans lesquels les diverses cultures interviennent:
modèles médiéval, monastique et mendiant, et des comportements de
piété et de dévotion respectifs que l'on retrouve dans la théologie
réflexive et mystique ou dans le culte oriental. École
carolingienne, enseignement monastique, puis universitaire et
scolastique, la mariologie prend peu à peu sa consistance propre,
toujours en rapport avec l'incarnation de Jésus, Fils de Dieu, dans
le sein de Marie de Nazareth. Bref, ce livre nous apprend comment
la tradition chrétienne parle de Marie dans la foi, et comment elle
donne une forme littéraire à son discours.
Un programme ambitieux, on le voit, qui rappelle un peu le meilleur
du P. D. Cerbelaud (cf. NRT 127 [2005] 484). Il est heureusement
mis en oeuvre à travers le bon millier de pages de ce superbe
volume qui remémore la tradition chrétienne jusqu'à la Renaissance,
avec un dernier chapitre sur la théologie mariale et le culte de la
Vierge dans l'Église byzantine avec son iconographie propre. C'est
là une vraie somme de littérature consacrée au mystère de
l'humanité ouvrant son coeur et sa chair en Marie à la présence de
Dieu fait homme pour sauver l'homme de son enfermement: d'Ève à
Marie. - J. Radermakers sj