Temples, Tithes, and Taxes. The Temple and the Economic Life of Ancient Israel

M.E. Stevens
Sacra Scrittura - reviewer : Jean-Louis Ska s.j.
L'intérêt typiquement anglo-saxon pour la vie économique est bien connu et nous en avons une nouvelle preuve dans ce petit volume sur la fonction économique du temple dans l'ancien Israël. M.E. Stevens était particulièrement qualifiée pour ce genre de travail en raison de sa formation et son expérience de comptable dans le monde du business. L'ouvrage s'adresse à un grand public et ceci explique plus d'une de ses caractéristiques. Dans un premier chapitre d'introduction, l'A. rassemble les ingrédients du plat qu'elle veut nous préparer: terminologie, sources d'information dans le Proche-Orient ancien et en Israël, une brève histoire d'Israël, présupposés et méthode de l'ouvrage. Les chapitres suivants traitent un à un les aspects essentiels du temple: la construction du temple et les différents sanctuaires dans la Bible, le personnel du temple, les ressources du temple, les dépenses du temple et le temple comme «banque». L'ouvrage est muni d'une bibliographie sélective, d'un index des noms et des sujets traités, d'un index des mots hébreux et akkadiens et d'un index des anciennes sources. Les conclusions les plus intéressantes de l'ouvrage sont les suivantes. Le temple, dans le Proche-Orient ancien tout comme en Israël, était un centre religieux, mais aussi un centre économique, commercial et financier. C'était en fait un lieu d'échange commerciaux et financiers très important. Les «portiers» dont parlent les textes bibliques sont plutôt des «comptables», placés à la porte de temples et chargés de surveiller les rentrées (dîmes, taxes, offrandes…). Ils étaient sans doute aussi chargés, à l'occasion, de certaines transactions avec les visiteurs du temple. Dans le temple lui-même, le «scribe» accomplit les tâches du comptable, du trésorier et du greffier. L'administration du temple en Israël est semblable sur plus d'un point à celle de la Mésopotamie. P.ex., les matériaux de construction sont confiés de part et d'autre aux artisans qui doivent présenter les objets finis et justifier ainsi l'emploi des matériaux mis à leur disposition.
L'A. explique de cette manière la présence, à côté des instructions minutieuses sur la construction du tabernacle (Ex 25-32), d'une description tout aussi minutieuse de la construction du tabernacle et de la fabrication des objets de culte. Selon l'A., Moïse devait rendre compte à YHWH de l'emploi de tous les matériaux dont il disposait. L'A. offre aussi une interprétation originale du voeu d'Anne, la mère de Samuel. Elle vient donner au temple le fils que Dieu lui a promis. Mais elle fait aussi de ce don une sorte de prêt à intérêt puisque YHWH lui donne en échange d'autres enfants (1 S 2,20). L'idée est attirante, mais il me semble que le texte est quelque peu forcé. Le mot traduit par «prêt» signifie simplement «requête» dans d'autres contextes (Jg 8,24; 1 R 2,16.20; Est 5,6.7…).
L'ouvrage promet sans doute un peu plus qu'il n'offre en réalité. C'est dû en partie, je crois, au point de vue synchronique adopté par l'A. (p. 23, 167: «I intend to present a synchronic view, commingling information from different time periods to develop a composite picture of how the ancient temple as an institution functioned in the economies of the first millennium B.C.E.»). L'A. se contente souvent de fournir les données sans beaucoup les commenter et sans essayer de montrer l'évolution des institutions d'une époque à une autre. L'analyse des textes est parfois sommaire. P.ex., les textes du livre des Rois ou des Chroniques sont en général présentés côte à côte sans autre forme de procès. Rien n'est dit en particulier sur la fonction du temple à l'époque post-exilique alors que la monarchie n'est pas restaurée.
Bien des ouvrages cités dans la bibliographie ne sont pas utilisés et d'autres qui ne sont pas cités auraient mérité d'y figurer, p.ex. Temple and Worship in Biblical Israel, éd. J. Day, coll. Library of Hebrew Bible - Old Testament Studies 422, London/New York, T&T Clark, 2005; Fried L.S., The Priest and the Great King: Temple-Palace Relations in the Persian Empire, coll. Biblical and Judaic Studies 10, Winona Lake IN, Eisenbrauns, 2004; Schaper J., Priester und Leviten im achämenedischen Juda, coll. FAT 31, Tübingen, Mohr Siebeck, 2000. Mais il ne faut sans doute pas faire la fine bouche et savoir apprécier à sa juste valeur les mets qui nous sont servis. - J.-L. Ska sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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