L’interminable « querelle des rites » (chinois ou malabars) ainsi que la querelle des termes utilisés pour désigner le Dieu de la Bible suscitèrent en leur temps une immense littérature de débats, de controverses et de dénonciations. Ces péripéties complexes continuent à passionner les chercheurs, bien qu’avec d’autres motivations et d’autres perspectives. Les historiens se sont lentement dégagés de plaidoiries partisanes inspirées par la nationalité (portugaise, espagnole, française…), la confession (catholique ou réformée) ou encore l’appartenance à diverses communautés (ordres mendiants, jésuites, Missions étrangères de Paris…) et institutions (Propagande, Saint-Office, Inquisition…). De nouveaux fonds d’archives ont été récemment découverts ou rendus accessibles (Saint-Office, archives jésuites à Rome, manuscrits syriaques au Kerala…). Alors que les missionnaires et leurs autorités en Europe apparaissaient souvent comme les seuls protagonistes, on accorde aujourd’hui davantage d’attention aux acteurs des sociétés concernées, à leurs interprétations et leurs initiatives, qu’il s’agisse des pouvoirs politiques, des représentants des religions traditionnelles (« païennes ») ou des premières communautés chrétiennes. On se montre enfin plus attentif aux répercussions de ces débats sur la culture européenne : catégories de pensée (coutumes « civiles », traditions culturelles, rites religieux), rapports entre croyances et rituels, distinction entre religion et superstition, ébauche de disciplines nouvelles (anthropologie, ethnographie, histoire comparée des religions).

Tout en croisant et en intégrant ces perspectives, les 14 contributions de cet ouvrage ont pour objectif d’élargir le champ d’étude : alors que les recherches s’étaient concentrées sur la Chine et l’Inde, d’autres « querelles des rites » sont repérables, à la même époque, en Amérique latine ou au Proche-Orient. En outre, au Kerala, dans les Balkans ou au Proche-Orient, des Églises orientales aussi sont concernées. Et, dès les premières entreprises protestantes (p. ex. les piétistes de Tranquebar, dans l’Inde du Sud), des auteurs réformés entrent à leur tour dans le débat. Tant par les analyses approfondies de situations locales que par l’élargissement des comparaisons qu’elles permettent, ce livre offre une contribution significative à notre connaissance des évolutions du religieux aux Temps modernes. — J. Scheuer s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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