De facture assez scolaire, il a pour objet le mal, sur le thème duquel le philosophe énumère diverses questions, propose une méthode susceptible de fournir des réponses, commente quelques passages de Platon et répond à une série d'objections. Plotin expose sa théorie sur le mal et en tire deux conclusions: nous ne sommes pas, nous, la source du mal, et les astres, dieux visibles, ne le comportent pas. Il s'oppose ainsi tout à la fois à la thèse gnostique qui ramène le mal à la nature de l'âme, et à la thèse astrologique qui le rattache aux astres.
Le traité 51 est rigoureusement structuré en cinq parties, bien distinctes, mais à l'intérieur desquelles l'organisation se révèle assez embrouillée, voire obscure. On sait que Proclus fit une critique sévère de la théorie plotinienne du mal exposée en ce traité. Cette critique, nous la connaissons grâce aux extraits rapportés par le Pseudo-Denys dans Les noms divins (ch. IV). À travers le Pseudo-Denys, c'est ainsi la pensée de Plotin, critiquée par Proclus, qui a fourni les bases essentielles de la réflexion sur le mal. Plus tard, Leibniz, en ses Essais de Théodicée, a lui aussi beaucoup consulté le traité 51. Pour Plotin, c'est la matière qui est le mal absolu. Quant aux maux de l'âme et du corps, il en affirme la subordination comme maux secondaires. Si Plotin n'a pas été suivi sur ces points par Proclus et les écoles néo-platoniciennes de l'Antiquité tardive, il n'a pas davantage reçu l'accord d'Augustin et du Pseudo-Denys, dont la pensée a dominé le débat sur le mal dans la culture occidentale. - H. Jacobs, S.J.