«Comprendre l'Absolu?!». La double ponctuation du titre est
révélatrice: la question est fondamentale, mais la réponse n'est
pas évidente. En faire prendre conscience est l'objectif des
éditeurs; ils ont rassemblé douze contributions autour de ce thème.
Klaus Müller constate que, de nos jours, les questions
fondamentales sont plutôt considérées comme obsolètes, mais il
relève les signes d'un nécessaire changement sur ce point. Paul
Platzbecker réfléchit sur la liberté comme principe de toute
découverte, point central dans les échanges entre Hansjürgen
Verweyen et Thomas Pröpper. Karl-Heinz Menke se demande si un être
humain peut être le médium reconnaissable d'une révélation
personnelle de Dieu, ce qui l'amène à réfléchir sur le rapport
significatif du symbole réel (Realsymbol de K. Rahner) et
l'incarnation. Veronika Schlör offre des remarques philosophiques
ouvrant sur une perspective théologique à propos de la mimèsis et
du devenir d'une image… Georg Schwind présente la manière dont
Emmanuel Levinas et Maurice Blondel se sont opposés sur la
possibilité de parler de l'absolu. Stefan Orth étudie Paul Ricoeur
et Jean Nabert sur la critériologie du divin et l'herméneutique du
témoignage. Gregor Maria Hoff pose la question de l'urgence d'un
fondement; c'est de lui que dépendent la capacité de philosopher et
l'entrée en théologie. Dans «Différence et négation», Joachim
Valentin se demande si la déconstruction et une philosophie
idéaliste sont conciliables. Johannes Hoff cherche, dans une
réflexion située entre la déconstruction et la philosophie
première, l'endroit où situer l'autonomie d'une intelligence
s'ouvrant à Dieu. Magnus Striet présente une négation précise comme
l'approche d'un chapitre encore ouvert dans la doctrine sur Dieu;
Saskia Wendel étudie la non-représentativité du Je comme image de
Dieu et remet en lumière l'actualité de la connaissance mystique du
sujet, notamment chez Maître Eckhart. Gerhard Larcher examine les
rapports entre l'art et la théologie fondamentale dans le contexte
d'une civilisation des médias; il y voit l'invitation à retrouver
une approche tombée dans l'oubli.
Après un parcours qui nous a mis en contact avec la plupart des
penseurs de notre époque, peut-on essayer d'en recueillir une
certaine lumière sur la question qui lui a donné naissance? Il nous
semble qu'on pourrait au moins conclure ceci. Si l'existence de
l'Absolu ne peut être «démontrée» par un argument de la raison
raisonnante (Kant), la réflexion conduit à en acquérir la certitude
vécue (Maréchal, Rahner, ). Cet Absolu se révèle à la fois comme
agissant et comme dépassant toute possibilité de saisie par un
concept exhaustif. Mais on peut, grâce à un langage approprié
(analogie,), le viser valablement, bien que de manière imparfaite.
Sur cette base solide, les penseurs peuvent bâtir leurs système
sous leur propre responsabilité et dans la conscience de leurs
limites. - L. Renwart, S.J.