« Je propose une approche très différente de la question de la
diaspora, à savoir la diaspora comme une forme d'hybridité
culturelle et un mode d'analyse plutôt que comme une essence (…) je
défends l'idée selon laquelle c'est l'étude talmudique elle-même
qui a constitué le peuple juif comme diaspora. »
(p. 13 ; 22) Déclinée sous mille formes, sans cesse
appuyée sans jamais s'imposer, la thèse initiale se développe
ainsi : le Talmud de Babylone remplace Babylone qui avait
remplacé la Palestine pour incarner la patrie
(p. 40-41) ; la diaspora « déterritorialisée »
est l'idéaltype de la diaspora (p. 44) ; une diaspora se
forme lorsque deux (ou plus) collectivités humaines ont un double
emplacement culturel, « à la maison » pour ainsi dire, et
à l'étranger (p. 107) ; il y a cependant deux Talmuds, le
palestinien et le babylonien ; chaque Talmud est
« diasporique » vis-à-vis de l'autre (p. 94) ;
les conceptions plus anciennes (disons, palestiniennes) qui font de
la diaspora juive un phénomène unique et déterminant pour la
définition de ce qu'est une diaspora sont fausses
(p. 123) ; le Talmud comme diaspora a produit une culture
juive bifocale partagée ultimement par tous les juifs d'Europe
orientale, d'Europe occidentale, des terres balkaniques, d'Afrique
du Nord, de Mésopotamie et de Syrie (p. 180). Le Talmud est
une patrie en voyage (p. 214), un texte devenu au fil du temps
espace sans frontière dont le yiddish de chacun était
quotidiennement habité (p. 223). Un ouvrage de talmudiste,
assurément. - N. Hausman s.c.m.