Relisant l’histoire des trois derniers pontificats en prenant comme repères les funérailles de Jean-Paul ii, la renonciation de Benoît xvi et l’élection de François, Henri Tincq constate que l’état de l’Église actuelle n’est pas brillant ; les scandales de pédophilie ont « sidéré » et ont en outre été comme le détonateur pour la découverte d’autres pratiques fort peu reluisantes, notamment en matière de finances et de gouvernance. Tout semble perdu et rendre sa crédibilité à l’Église sera une tâche herculéenne. Les remèdes manquent-ils ? L’A. en propose dans les trois derniers chap. : « En finir avec l’absolutisme romain, clérical, patriarcal », « En finir avec l’hypocrisie sur le sexe, le célibat, la chasteté », et « En finir avec la vision disciplinaire et doctrinale du rôle de l’Église ». Voilà qui ne manque pas d’être percutant. Encore faut-il peut-être ne pas tout mettre sur le même plan : dogme, morale, pratiques de gouvernement, gestion financière ne sont pas de même nature, même s’ils peuvent s’interpénétrer et souvent brouiller les pistes. Et si certains domaines sont plus aisément gérables, d’autres le sont nettement moins, car il y va de la liberté de chacun et plus encore de sa bonne volonté à ce que soit la plus parfaite possible l’adéquation entre l’idéal évangélique et sa mise en œuvre. Cela dit, n’oublions jamais que depuis belle lurette, chaque pape nouvellement élu reçoit comme mission de « réformer la Curie » et par là même bien des éléments de la vie de l’Église. Jusqu’à présent, cela se fit toujours, mais avec une certaine lenteur… Dès le jour même de son élection, l’actuel pape se mit à l’ouvrage, sachant d’ailleurs pertinemment bien que le « cléricalisme », qu’il juge être la source de tous les maux, a aussi la vie dure. — B. Joassart