Von Galen. Un évêque contre Hitler

Jérôme Fehrenbach
Biografie - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Un « monolithe », serait-on tenté de dire pour qualifier von Galen. Encore convient-il d'avoir à l'esprit que sa composition était faite de bien d'éléments divers. Il était tout à la fois : westphalien, et dès lors assez méfiant à l'égard de l'esprit prussien ; aristocrate, conscient que sa caste avait joué un rôle important et qu'elle avait encore une utilité dans le monde d'après la fin de la Première guerre, même si elle avait perdu de son aura et de ses droits ; catholique, ce qui le distanciait profondément du luthéranisme voisin ; juriste d'esprit : l'état de droit devait être respecté envers et contre tout ; patriote convaincu : l'amour de son pays n'était pas pour lui un vague sentiment.
Cela étant, von Galen est surtout connu pour ses positions tranchées à l'égard du régime nazi, en particulier à partir du moment où il fut évêque de Munster. Pour lui, il ne faisait pas de doute que le nazisme était foncièrement pervers, et il ne se priva pas de le faire savoir, tant par des courriers envoyés à différentes hautes autorités pour leur indiquer qu'elles ne respectaient pas les lois même édictées par elles, par ses analyses de publications et de la propagande exposant la doctrine nazie qu'il jugeait absolument incompatible avec la foi chrétienne, que par ses sermons, en particulier ceux de 1941 dans lesquels il attaquait de front les principes nazis. Deux choses ont pu lui être reprochées : ne pas avoir dénoncé explicitement l'antisémitisme nazi - un peu comme on critique Pie xii sur le même sujet - et s'être finalement tu au fur et à mesure que la guerre continuait. Selon l'A., cela pouvait se comprendre : ses dénonciations du nazisme avaient été parfaitement comprises de tous ; tout avait été dit et bien dit.
Il fut tout aussi net à l'égard des puissances occupantes après la chute du troisième Reich : sachant très bien que tous les Allemands n'étaient pas responsables de la folie meurtrière nazie, il n'hésita pas à interpeller vigoureusement les vainqueurs lorsqu'il jugeait que leur manière d'agir était contraire au respect des personnes et qu'ils outrepassaient leurs droits à l'égard de la population allemande.
Créé cardinal en février 1946, il ne survécut que peu de temps après cette reconnaissance au plus haut niveau de sa résistance à l'hitlérisme : il mourut le mois suivant.
On sait combien il est difficile d'approcher des personnalités aussi emblématiques qu'un von Galen, car elles sont souvent très complexes, d'autant plus qu'elles vécurent à des périodes particulièrement troublées. Il me semble toutefois que l'A. apporte ici un éclairage précieux sur l'époque et le personnage, d'autant plus qu'il a pu profiter de sources de natures très diverses, en particulier des archives de famille. - B. Joassart s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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