Le présent ouvrage est le fruit d’une thèse soutenue à l’université de Fribourg. L’A. s’affronte à une question difficile, puisque la notion de caractère sacramentel dans la théologie de Scheebeen lui demande d’articuler autour de quelques paragraphes des Mystères du christianisme, nombre d’autres opuscules. Il s’agit donc, pour l’A., de « reconstruire » une théologie systématique du caractère sacramentel. Ce projet fait toute la valeur et la difficulté de l’ouvrage qui demande au lecteur de s’aventurer dans un véritable labyrinthe théologique.

En même temps, le propos est parfaitement structuré. L’A. part de la finalité de l’Incarnation que Scheeben conçoit comme une diffusion et une participation à la glorification trinitaire. La dimension salvifique de l’Incarnation et de la Croix ne peut être regardée qu’à partir de cette finalité première. D’où le développement subséquent sur l’offrande du Christ comme latrie. Par la Croix, toute l’humanité a part à cette glorification trinitaire et le sacrifice du Christ s’achève dans l’offrande réelle du corps mystique.

L’A. a ainsi posé les bases théologiques nécessaires au cœur de sa recherche sur la conception du caractère sacramentel selon Scheeben. Il ne s’agit pas de le concevoir uniquement, selon la conception thomasienne, comme une capacité à poser les actes du culte chrétien, mais comme une participation réelle à la finalité du sacrifice du Christ qu’est la glorification de Dieu.

Tout en offrant une étude détaillée de son sujet, l’A. ne manque pas de recul et ce n’est pas le moindre de ses mérites. Il achève ainsi la partie centrale de son étude par une analyse critique de la position de Scheeben avant d’en regarder, dans une dernière partie, la réception et les potentialités pour la théologie aujourd’hui. Pour l’A. l’intérêt principal de la théologie de Scheeben est de permettre une sotériologie délibérément « d’en haut » qui en même temps rencontre une anthropologie théologique contemporaine qui donne toute sa place à l’homme. — G. de Longcamp