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Goût d’évangile et quête de Jésus

À propos d’ouvrages récents

François Odinet

La quête du « Jésus de l’histoire » n’est pas terminée. L’engouement actuel pour les évangiles apocryphes et les romans ou films tapageurs sur Jésus et ses disciples en témoigne. De leur côté, les conférences programmées par la Faculté de théologie de l’UCL en février-mars affichent : « Jésus, le Maître d’Israël » (D. Marguerat), « Jésus paradoxal et énigmatique » (C. Focant), « Jésus secret » (J.-M. Sevrin), « Jésus, le Fils envoyé du Père » (Y.-M. Blanchard). La question se pose : Que penser aujourd’hui de Jésus ? Est-il vraiment homme de notre monde et tout ensemble présence de « Dieu avec nous » ?1

I Un commentaire de Marc

Il y a deux ans, C. Focant, professeur à cette même Faculté de théologie de Louvain-la-Neuve, nous offrait un monumental commentaire de Marc, ouvrant ainsi la nouvelle et prestigieuse collection de Commentaires bibliques du N.T. À ce propos, il nous représentait le cadre conflictuel dans lequel Jésus était apparu au Ier siècle : « monde de conflits et de suspense, d’énigmes et de secrets, de questions et de renversement des évidences, d’ironie et de surprise »2. L’A. y met en scène le caractère déroutant de ce Maître qui déstabilise les autorités religieuses de son temps et perturbe l’esprit de ses propres disciples comme des foules qui l’écoutent et le suivent, avant de le condamner.

Le livre de C. Focant entre dans le sillage des grands commentaires classiques qui l’ont précédé. Sa nouveauté consiste dans sa méthode inspirée de l’analyse narrative, faisant découvrir à travers les nuances du texte, la manière dont l’auteur réel ou supposé de l’évangile instaure avec son lecteur — celui de son temps et celui d’aujourd’hui — un dialogue à la fois interprétatif et convaincant.

Après une introduction sobre et suggestive en 11 points, il divise l’évangile de Marc en six sections, selon des critères d’organisation littéraire : prologue = 1,1-13 ; puis 1,14 – 3,6 ; 3,7 – 6,6a ; 6,6b – 8,30 ; 8,31 – 10,52 ; 11,1 – 13,37 ; 14,1 – 16,8 avec deux annexes sur la double addition (16,9-20). Le schéma adopté pour le traitement des péricopes successives répond aux exigences de la collection : traduction assez littérale préparée comme outil de travail, suivie éventuellement de remarques philologiques, bibliographie mise à jour, interprétation qui reprend le fil du récit en soulignant le sens des références à l’AT, puis des notes dégageant le genre littéraire et la portée du texte, comprenant des discussions avec les auteurs modernes, souvent cités, comme Evans, Gnilka, Légasse, Marcus, ou Pesch. L’A. n’a pas jugé utile de ménager un espace, après chaque section, pour rappeler au lecteur les progrès du développement ; par ailleurs, il présente brièvement chaque nouvelle section pour en préciser l’objet ou la démarche. Pour lui, l’essentiel est de proposer le fil conducteur narratif de l’ensemble et d’y situer chaque péricope.

Si l’évangile de Marc lui paraît « paradoxal et énigmatique » (p. 43), l’A. n’accepte pas pour autant la théorie du « secret messianique » de Wrede, mais il suppose que Marc militerait discrètement contre l’emprise de l’église dynastique de Jérusalem, sans toutefois y chercher un propos apologétique. Il s’attarde plutôt à la construction de l’intrigue qui seule révèle l’intention de l’évangéliste à travers la figure narrative de Jésus ; deux autres figures y jouent un rôle important : les disciples et les opposants. Le lecteur se trouve ainsi invité à se situer face à Jésus : la dynamique du texte à travers l’histoire racontée mobilise pour lui l’attention plus que le déroulement exact des événements. Privilégiant la critique rédactionnelle, son choix méthodologique majeur va vers l’intratextualité. Ainsi le lecteur se trouve amené à prendre ses responsabilités personnelles face au Jésus qui lui est montré, sans qu’aucune « actualisation » précise lui soit suggérée. Un index des auteurs modernes, et deux autres des références et des sujets traités, confirment la frappe scientifique de ce beau commentaire de 662 pages.

II Marc : un récit en pastorale

Un autre commentaire du même évangile nous est récemment parvenu, répondant avec bonheur aux besoins du peuple chrétien3. Les auteurs : deux religieux, un prêtre et une femme, tous deux attelés au même apostolat par la Parole au sein de l’Église. L’ouvrage vise la lecture engagée des femmes et des hommes de ce temps comme acte évangélisateur. Une réflexion approfondie et théologiquement menée à la lumière de documents récents du Magistère, sur les perspectives actuellement offertes par l’Église pour une construction de communautés croyantes où prêtres et laïcs œuvrent en collaboration étroite. Présentons les deux parties qui constituent la matière de cet ouvrage (Au fil du récit, p. 15 à 225 et L’Évangile en pastorale, p. 227 à 323), avant de considérer leur articulation et de poser quelques questions relatives à la pastorale du récit évangélique, compte tenu de la « quête de Jésus ».

Le travail des chercheurs s’intéresse de plus en plus à la « performativité » de la Parole évangélique. Il y a de quoi se réjouir de cette redécouverte, source espérée d’un renouveau de la foi en la personne de Jésus Christ et d’une affection renouvelée pour l’Église. Rien qu’en langue française, la dernière décennie s’est enrichie d’une bonne dizaine d’excellents commentaires de Marc4, sans parler des introductions ou guides de lecture de moindre ampleur.

La plupart des exégètes actuels conjoignent dans leur interprétation des évangiles une méthode diachronique, visant à étudier le texte dans sa genèse (étude « historico-critique ») et une méthode synchronique s’efforçant d’approcher le texte comme produit fini, portant en lui-même son message (« analyse littéraire » : narrative, sémiotique ou rhétorique). Les deux méthodes s’articulent l’une à l’autre pour présenter un texte vivant, un peu comme une musique jouée interprète une partition musicale écrite voici deux siècles. Le « dosage » respectif de ces deux perspectives de lecture permet des accents divers. Les uns s’attachent aux sources juives et aux emprunts à l’Ancien Testament, ou bien à la réception des textes dans la tradition ecclésiale ; d’autres mettent l’accent sur l’anthropologie culturelle ou la psychologie de l’époque, considérant par exemple le point de vue des femmes, celui des disciples et des Douze, ou bien la personne de Jésus en sa fonction libératrice des consciences.

Faisant écho à cette recherche actuelle, les auteurs du présent volume approfondissent, avec une maîtrise affinée, le précédent essai qu’ils avaient naguère publié5. Celui-ci faisait un choix de passages de Marc pour en noter les caractéristiques ainsi que l’impact de la Parole sur le lecteur moderne. Dans leur nouveau commentaire, ils parcourent la totalité de l’évangile dans une lecture continue qui non seulement identifie la perspective propre de Marc, mais encore en marque la dynamique fondamentale, porteuse du « message » dans une intention rhétorique. Ils s’inscrivent ainsi dans le courant actuel de l’exégèse chrétienne, alliant la méthode historico-critique à l’analyse narrative. Disons encore que ce commentaire s’inspire du Père Pousset6, mais qu’il doit beaucoup aux spécialistes de la narrativité des textes néotestamentaires, comme D. Marguerat et Y. Bourquin, A. Wénin et E. Cuvillier. En fait, sa visée pénètre plus avant dans la compréhension de l’évangile.

III L’Évangile en pastorale

La deuxième partie de l’ouvrage, conjointe à la première, au lieu de fournir une interprétation conceptuelle du texte évangélique, s’efforce d’en tirer les conclusions pour une pastorale de l’Église. Quand les disciples interrogent Jésus sur le fait que les foules sont restées sans manger, il leur rétorque : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6,37). Alors, il fait d’eux les intendants du partage de la Parole et du Pain. C’est à cela que nous convient les auteurs : redécouvrir la force vive de la Parole de Dieu, et à travers elle rejoindre l’expérience initiale des contacts de proximité que les contemporains de Jésus ont pu avoir avec lui.

Comment se déroule la réflexion de nos auteurs ? Ils partent des interrogations des lecteurs actuels de l’évangile. Faut-il encore croire à ces récits merveilleux ? Qu’en est-il des « miracles » attribués à Jésus, et singulièrement de sa « résurrection d’entre les morts » ? Jésus est-il davantage qu’un homme du passé, admirable sans doute par ses enseignements et sa sollicitude pour les faibles et les malades ? Serait-ce cela qui a fortement impressionné ses contemporains au point d’en faire un mythe, voire un dieu ? Quant à le reconnaître Fils de Dieu, il y a du chemin, d’autant que Marc lui-même ne dit pas comment il comprend le double titre qu’il lui accorde au premier verset de son évangile : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ et Fils de Dieu »7.

Ensuite, les auteurs analysent de façon pertinente le malaise des gens qui lisent l’évangile « au premier degré », c’est-à-dire « au pied de la lettre », en donnant aux mots du texte le sens qu’ils prennent dans notre langage. C’est le sens fondamentaliste qui a perdu de vue la symbolique héritée de l’Ancien (ou Premier) Testament8 et la familiarité avec le milieu culturel de l’époque. L’évangile est écrit pour nous mettre en relation d’intériorité avec Dieu présent à l’intime de chaque être humain. Question terrible ! Comment pouvons-nous être des personnes libres et autonomes, et en même temps d’authentiques expressions vivantes de Jésus, Dieu fait homme ? À la suite de Rudolf Bultmann, on a écrit abondamment dans la première moitié du XXe siècle, sur « le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi », comme si l’imagination populaire avait « divinisé » ou « mythologisé » cet homme de l’histoire du I siècle pour en faire un « modèle » d’humain.

Supposant et dépassant cette polémique, nos deux auteurs reprennent avec nous l’itinéraire de Marc, en focalisant l’attention sur la personnalité de Jésus et son mystère. Ils s’attachent aussi à montrer le rôle des disciples comme figures de la communauté chrétienne, et à décrire la formation que leur donne Jésus, en privilégiant parmi eux la fonction des Douze. Nous sommes ainsi en position de comprendre les « retombées théologiques » de la lecture de Marc : quel engagement signifie-t-il pour les chrétiens d’aujourd’hui ? C’est la vision pastorale de l’Église qu’élaborent les auteurs, en détaillant ce que peut signifier aujourd’hui une pastorale d’engendrement.

Chemin faisant, tout en déployant la perspective ecclésiale que leur inspire Marc, nos auteurs émaillent leur développement de textes du Magistère récent montrant que leur proposition correspond non seulement à l’ecclésiologie esquissée par l’évangéliste, mais aussi aux directives et aux orientations tracées par le Concile Vatican II et les encycliques ou exhortations de nos derniers papes. Des encadrés significatifs nous rendent attentifs à ces propositions : vision encourageante et prometteuse qu’il nous plaît de signaler. Engagés dans la réalité pastorale, les auteurs suggèrent des exemples concrets de situations où le ministère sacerdotal ordonné et le sacerdoce commun des fidèles conjoignent leurs efforts pour présenter aujourd’hui le service à la fois sacramentel et bienfaisant que Jésus prodiguait à son époque, avec les disciples hommes et femmes qui l’accompagnaient.

On voit dès lors comment s’articulent les deux parties de l’ouvrage : la christologie de Marc implique une ecclésiologie généreusement engagée au service du peuple chrétien et humain tout ensemble. Nous savons gré aux auteurs d’avoir poursuivi la réflexion jusque là.

IV Quelques réflexions

Ajoutons quelques remarques à propos de cette articulation entre les deux parties de l’ouvrage.

Le monde actuel entretient une méprise à propos de la foi chrétienne. Le Credo apparaît comme un catalogue de « principesvérités » ou de « dogmes » déterminés par l’Église auxquels il faut donner son assentiment pour « faire partie » des chrétiens, alors qu’en réalité, ce Credo est l’histoire en résumé de la sollicitude de Dieu pour les hommes. Aussi les auteurs font-ils bien de s’exprimer d’abord sur ce point. En effet, on assimile facilement la foi à une « idéologie » — rétrograde ou dépassée — héritée du judaïsme. On la conçoit dès lors comme une vision subjective du monde et de l’histoire. En fait, croire n’apparaît plus comme une dimension du réel que l’on perçoit ou expérimente. Parler d’expérience existentielle n’aide pas, car on pense « psychologie ». Et quand on s’exprime en termes de symbole, on comprend qu’il s’agit d’un mode conventionnel décroché du réel.

Or quand nous parlons de foi, nous affirmons que les récits évangéliques disent l’histoire réelle — et donc vraie — non pas sur le plan de l’exactitude des faits repérables dans le temps et l’espace, mais sur celui de l’histoire intérieure des gens, dans leur identité authentique : ce que nous sommes en vérité, sous le regard de Dieu. Ainsi les récits évangéliques traduisent la vérité de l’histoire, non les détails empiriques des faits. Pas étonnant dès lors que les gens qui se basent sur ce qu’ils voient, entendent, sentent et touchent ne perçoivent plus la foi comme la réalité. C’est pourquoi il est utile de réapprendre « un goût d’évangile ».

Que nous proposent Ph. Bacq et O. Ribadeau-Dumas ? De nous rassembler, croyants ou non, autour d’une lecture commune de l’évangile, avec nos malaises, nos questionnements, nos préjugés aussi, et d’essayer ensemble de repérer les modalités et les nuances des textes avec loyauté et sans concession. Nous prendrons ainsi conscience de « ce qui a pu se passer pour que l’évangéliste écrive les choses de telle manière, et ce que cela signifie pour nous quand nous prenons au sérieux ce qu’il nous confie ». La pastorale d’engendrement est ainsi en route : le texte engendre ce qu’il raconte en ceux qui le lisent. Les auteurs nous proposent cette expérience, qui était celle des évangélistes écrivant pour leurs communautés rassemblées « au nom de Jésus ». Marc, qui a créé sans doute le genre évangile, nous place face à Jésus vivant. Les commentateurs actuels vont souvent dans ce sens, mais ils n’explicitent pas toujours leur démarche.

Autre remarque qui nous paraît importante, mais que ne touchent pas nos auteurs. Quand on en est arrivé là, on s’aperçoit vite qu’un évangile ne suffit plus. Après la lecture de Marc, on se rendra compte de l’intérêt de celle de Luc, dépendant de Marc. Païen d’origine, Luc n’aborde pas de la même façon la vie de Jésus, car à côtoyer dans la ville d’Antioche des chrétiens venus tant du paganisme que du judaïsme, il s’est aperçu de la différence de démarche des uns et des autres. Toute son œuvre — Évangile et Actes des apôtres — manifeste bien cette différence d’accès à la personne de Jésus, à l’intérieur d’une foi commune. Luc aide ainsi à découvrir l’universalité du message à travers cette double perception. Nous sommes alors mieux outillés pour lire l’évangile de Matthieu : il nous montre comment un Juif lit l’évangile avec la mémoire de toute la Bible et le langage symbolique qu’elle véhicule, plein de souvenirs historiques déjà interprétés. Finalement, l’évangile de Jean, conjuguant lui aussi la double lecture — juive et anthropologique commune — permet une nouvelle découverte de Jésus vivant, dans ce qu’on appelle une « christologie d’en haut ». Fidèle au Premier Testament, Jean parle d’abord de « Dieu qui vient à l’homme »9, au lieu de partir de la connaissance qu’avaient de Jésus ses contemporains, suivant une « christologie d’en bas ». À procéder ainsi d’un évangile à l’autre, on perçoit que le quadruple regard des évangélistes est nécessaire pour comprendre à quel point « le Jésus de la foi et le Christ de l’histoire » (sic !) représentent une personne unique : un homme de l’histoire en même temps que sa présence en tout homme10.

Pour cette raison, signalons une difficulté qui pourrait surgir chez le lecteur, d’une part à essayer de reconstituer en sa mémoire « ce qui a bien pu se passer » pour que les évangélistes nous en fassent tel récit. D’autre part, le livre nous fait passer de la critique historique à l’analyse littéraire, avec sa symbolique, ses réminiscences d’Ancien Testament, ses perceptions juives. Comment conjoindre ces deux approches sans les confondre, ni séparer événements de l’histoire et composition littéraire ? La théologie de l’Église, déjà présente dans les évangiles, puis développée dans la tradition, entend dire que « ce qui s’est vraiment passé » se passe encore aujourd’hui. Le message est, sans doute, une interprétation, mais présente à l’intérieur de l’Écriture, qui s’en porte garante et nous le donne à vivre.

V Un certain Juif Jésus

Ouvrons une autre question et revenons à nos deux auteurs. Ils font appel, en fin de volume (p. 315-323), à la monumentale et remarquable étude de J.P. Meier, exégète et chercheur américain11 cité comme référence quasi unique sur « l’histoire de Jésus » ; or, certains lecteurs pourraient concevoir les choses comme si l’interprétation évangélique de la vie terrestre de Jésus constituait en quelque sorte une « surimpression » littéraire de cette vie elle-même. La référence au livre de Meier, surtout si on ne l’a pas lu, ou bien lu, pourrait le suggérer. Nous en arriverions à relativiser ou rendre le message évangélique subjectif, énervant ainsi notre perception et détériorant la réalité de la révélation — et de l’inspiration — du texte sacré. Cette tendance de type « gnostique » n’est pas absente aujourd’hui parmi les chercheurs, et la faveur médiatique pour les évangiles apocryphes12 en est un signe : chaque lecteur pouvant « recomposer » à sa guise le visage de Jésus qu’il imagine, à partir de textes évangéliques devenus simplement « évocateurs ». L’évangile entend nous parler de « la réalité des choses », laquelle est théologique ; en ce sens, il est Parole de Dieu. L’ouvrage de Meier, admirable au demeurant, reste une reconstitution hypothétique — le probable deviendrait le vrai ! — qui amorce tout un travail d’intelligence intérieure. Nous attendons d’ailleurs son quatrième tome, qui devrait précisément articuler histoire et historiographie croyante.

Signalons enfin les travaux importants d’un auteur allemand auquel se réfère par moments le commentaire de C. Focant : il s’agit de Gerd. Theissen, dont deux ouvrages notamment sont traduits en français : L’ombre du Galiléen. Récit historique, Paris, Cerf, 1988 et plus récemment Le mouvement de Jésus, coll. Initiations, Paris, Cerf, 2006. Ces études, basées sur la sociologie religieuse, s’efforcent de cerner la personne de Jésus dans son cadre de vie et de se représenter les remous provoqués par sa parole et son action dans le monde de son temps. Hautement intéressantes, ces études nous permettent aussi de resituer le Jésus de l’histoire, et de redécouvrir son impact. Mais là encore, le discernement est de rigueur, car les reconstructions de ce genre manifestent une probabilité, à laquelle il ne faudrait pas réduire le personnage de Jésus, ce que ne fait d’ailleurs pas l’auteur.

Revenons finalement aux deux commentaires de Marc. Celui de C. Focant demeure incontournable, car il nous donne une base scientifique objective pour l’étude de ce texte ; il nous fait découvrir l’importance d’une étude précise et minutieuse pour percevoir le caractère déroutant de l’évangile de Marc. Celui de Ph. Bacq et O. Ribadeau-Dumas nous en montre l’actualité brûlante. Grâce à leur projet pastoral, les auteurs de ce commentaire rendent un signalé service en nous redonnant « un goût d’Évangile ». Ils nous rappellent que celui-ci — qui s’identifie à la personne de Jésus — est un Vivant, à faire vivre dans notre aujourd’hui ecclésial, exhortés que nous sommes par le magistère. Cette contribution à la pastorale d’engendrement nous engage d’ailleurs à une vraie « théologie dans la vie », ce dont la tradition de l’Écriture a constamment été le moteur au cours des siècles : Qui est Jésus ? Comment vivons-nous de lui ?

Notes de bas de page

  • 1 Voir les recensions des livres consacrés à Jésus dans la bibliographie placée à la fin de cette livraison.

  • 2 Focant C., L’évangile selon Marc, coll. Commentaire biblique : N.T. 2, Paris, Cerf, 2004, 49 €. ISBN 2-204-07407-1. La citation vient de l’introduction, p. 29.

  • 3 Bacq Ph. & Ribadeau-Dumas O., Un goût d’Évangile. Marc, un récit en pastorale, coll. Écriture en pastorale, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, 337 p., 27 €. ISBN 2-87324-284-1.

  • 4 Notons, en langue française, Lamarche P. Évangile de Marc, coll. Études bibliques, N.S. 33, Paris, Gabalda, 1996 ; Standaert B., L’évangile selon Marc. Commentaire, coll. Lire la Bible 61, Paris, Cerf, ²1997 ; légasse S., L’évangile de Marc, coll. Lectio divina – Comm. 5, 2 vol., Paris, Cerf, 1997 ; trocmé Ét., L’évangile selon Marc, coll. Comment. N.T. 2, Genève, Labor et Fides, 2000 ; cuvillier E., L’évangile de Marc, coll. La Bible en face, Paris / Genève, Bayard / Labor et Fides, 2002.

  • 5 Bacq Ph. & Ribadeau-Dumas O., Ferments d’Évangile. Une Église en mouvement, Bruxelles, Lumen Vitae, ²1998.

  • 6 Pousset É., Une présentation de l’Évangile selon saint Marc, coll. Source de Vie, Paris, DDB, 1978.

  • 7 On se reportera à l’encadré des auteurs à la p. 22.

  • 8 En fait, le « Premier » Testament dans le cadre de l’unique Alliance de Dieu avec l’homme.

  • 9 Titre d’un remarquable ouvrage du P. Joseph Moingt, coll. Cogitatio Fidei 222 et 245, Paris, Cerf, 2002 et 2005.

  • 10 Au moment de mettre sous presse, nous apprenons la parution en version française de Jésus de Nazareth du Pape Benoît XVI. Ce livre, « expression de la recherche personnelle » de Joseph Ratzinger, est attendu des chercheurs et du peuple chrétien. Les réactions à cette publications ne manqueront pas de faire rebondir le débat. Sans doute aurons-nous l’occasion d’y revenir.

  • 11 Meier J.P., Un certain juif. Jésus. Les données de l’histoire, 3 vol. : I. Les sources, les origines, les dates ; II. Les paroles et les gestes ; III. Attachements, affrontements, ruptures, coll. Lectio divina, Paris, Cerf, 2004-2005. Cf. les recensions que nous y avons consacrées dans NRT 125 [2003] 123 ; 127 [2005] 325, et dans la bibliographie de cette livraison.

  • 12 Voir par exemple le Da Vinci Code de Dan Brown et l’article pertinent du P. B. Sesboüé, « L’affaire “Da Vinci Code”. Pour un premier bilan », dans Études, juillet-août 2006, p. 79-86. On pourrait ajouter les succès d’édition des évangiles apocryphes de Thomas, de Philippe, de Marie-Madeleine ou, plus récemment, de Judas.

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