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How do we show today the unity of the sacraments of Christian initiation ?

Vincent Guibert
It is a commonplace today to distinguish the theological order of the sacraments of Christian initiation from their pastoral order. This article aims to take stock of this difficulty, to present its historical origin and to evaluate what can be done to harmonise sacramental pastoral practice with theological reflection. We will be attentive to the “Proposal to put into practice the Ritual of Christian initiation with children and adolescents” (2013) made by the diocese of Paris.

C’est aujourd’hui un lieu commun de distinguer l’ordre théologique des sacrements de l’initiation chrétienne de leur ordre pastoral. Tous les théologiens s’accordent en effet pour présenter successivement baptême, confirmation et eucharistie. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme clairement :

La Sainte Eucharistie achève l’initiation chrétienne. Ceux qui ont été élevés à la dignité du sacerdoce royal par le Baptême et configurés plus profondément au Christ par la confirmation, ceux-là, par le moyen de l’Eucharistie, participent avec toute la communauté au sacrifice même du Seigneur

(CEC 1322)

Les Pères de l’Église savaient bien que nous sommes baptisés et confirmés en vue de l’eucharistie qui porte l’initiation chrétienne à sa plénitude. Alors pourquoi l’ordre pastoral s’est-il écarté de ce mouvement dans de nombreux pays de l’Église latine ? D’où vient la place conclusive accordée dorénavant au sacrement de la confirmation ? Devons-nous nous accommoder de cette distorsion entre l’ordre théologique et l’ordre pastoral ? Qu’est-il possible de faire en ce domaine ? Les paroles du pape Benoît XVI dans son exhortation apostolique Sacramentum caritatis sont éclairantes :

Concrètement, il est nécessaire de vérifier quelle pratique peut en réalité aider au mieux les fidèles à mettre au centre le sacrement de l’Eucharistie, comme réalité vers laquelle tend toute l’initiation (…). Les Conférences épiscopales vérifieront l’efficacité des parcours actuels d’initiation1.

Le temps est sans doute mûr pour une décision2.

Cet article a pour objet de faire le point sur cette difficulté, de présenter son origine historique et d’évaluer ce qu’il est possible de faire pour que la pastorale sacramentaire, notamment dans les pays de « vieille évangélisation », s’accorde à la réflexion théologique. Nous ne voulons pas envisager des solutions irréalisables qui jetteraient le trouble parmi les fidèles mais accueillir avec intérêt les démarches du diocèse de Paris, et notamment, sa Proposition de mise en œuvre du Rituel de l’Initiation chrétienne avec les enfants et les adolescents 3.

I Les sacrements de l’initiation chrétienne : évolution historique

1 L’initiation chrétienne

Baptême, confirmation et eucharistie forment, depuis la fin du ii e siècle, les sacrements de l’initiation chrétienne. Les premiers apologistes ont d’abord protesté contre leurs interlocuteurs païens qui assimilaient les rites chrétiens aux religions à mystères, comme le culte de Mithra. Cependant le vocabulaire initiatique va être progressivement accepté, puis communément utilisé par Tertullien, Origène et surtout Jean Chrysostome. Pour ce dernier, la personne du Christ est centrale : l’initiant, c’est le Christ. Dans une catéchèse où il compare le baptême au paradis terrestre, il s’exprime ainsi : « la piscine est bien meilleure que le paradis. Il n’y a pas ici de serpent, mais le Christ est là qui t’initie pour la nouvelle naissance par l’eau et l’Esprit »4.

Le terme d’initiation désigne l’entrée des nouveaux chrétiens dans le mystère du Christ. Le Christ initie le catéchumène lors de la célébration pascale où ce dernier est baptisé, confirmé, eucharistié. L’initiation est pour l’homme une participation à la Pâque du Christ, une nouvelle naissance au principe d’une nouvelle connaissance. Par son initiation, l’homme accède à l’univers spirituel inauguré par le Christ en sa mort et sa résurrection.

Puis, la notion d’initiation chrétienne s’est progressivement éclipsée au point d’être ignorée par le Moyen-Âge latin, période par excellence de l’élaboration de la théologie latine des sacrements. C’est la raison pour laquelle la dissociation temporelle entre le baptême et la confirmation en Occident a pu être acceptée et réfléchie théologiquement sans qu’elle soit perçue comme une remise en cause de la pratique primitive sacramentelle.

Grâce aux interventions du pape Benoît XIV et de Dom Charles Chardon au xviii e siècle, l’idée d’initiation chrétienne va progresser dans la réflexion théologique, enrichie par le renouveau patristique du xx e siècle. Cet intérêt se combine avec les nouvelles recherches sur le baptême et le débat sur l’unité entre les sacrements. Finalement, on doit constater que la notion d’initiation chrétienne a évolué. Si l’initiation vise toujours la communion à la personne du Christ qui fait entrer l’homme dans l’économie du salut, le concept désigne principalement l’unité et la célébration des trois sacrements fondamentaux qui introduisent à la pleine participation au mystère du salut. L’initiation chrétienne consiste maintenant à désigner cette unité des premiers sacrements que l’histoire a dissociés dans l’Église latine.

2 La dissociation temporelle entre baptême et confirmation en Occident

Durant les deux premiers siècles, aucun rite post-baptismal ne venait s’interposer entre l’ablution baptismale et la première eucharistie. L’onction et l’imposition des mains (ou de la main) apparaissent presque simultanément au début du iii e siècle à Rome, en Afrique et à Alexandrie et se situent, à l’origine, immédiatement après l’ablution baptismale.

La Tradition apostolique attribuée à saint Hippolyte de Rome atteste que la célébration pascale est composée de rites successifs qui conduisent le néophyte jusqu’à sa première eucharistie.

L’initiation chrétienne se fait par degrés, le futur chrétien passant successivement entre les mains de tous les membres de la hiérarchie de l’Église : laïcs pour la catéchèse, sans doute clercs inférieurs pour les premiers exorcismes, diacre pour l’ablution baptismale, prêtre pour la première onction post-baptismale, enfin évêque pour l’imposition des mains et la seconde onction. C’est seulement quand le néophyte a eu ce contact personnel avec l’évêque, qui est la tête de la communauté ecclésiale, et donc le tenant-lieu du Christ, Tête du Corps, qu’il est pleinement agrégé à cette communauté et qu’ayant reçu de l’évêque le baiser de paix, il peut aller l’échanger avec tous les autres membres de l’Église et partager avec eux l’eucharistie qui en est la source et la vie5.

Ce que nous appelons aujourd’hui baptême et confirmation est donc déjà présent, rassemblé dans l’unité liturgique d’une seule célébration qui culmine dans l’eucharistie.

Les liturgies de l’Église d’Orient, catholiques et orthodoxes, ont maintenu jusqu’à nos jours les rites sacramentels de l’initiation dans l’unité d’une même célébration.

À l’exception du baptême « clinique »6, cette unité a été maintenue en Occident jusqu’au Ve siècle. La dissociation temporelle provient d’une conjonction de facteurs comme la multiplication des paroisses rurales, la généralisation du baptême des enfants dès la naissance et surtout la conscience de ne pas pouvoir accomplir l’initiation chrétienne entièrement sans l’évêque. Le baptême et la confirmation furent séparés puisque l’évêque ne pouvait se rendre présent à chaque baptême de petits enfants dans son diocèse. La dissociation des deux sacrements ne provient donc pas d’une réflexion théologique, mais d’une nécessité pastorale. Cette séparation dans le temps, d’abord considérée comme exceptionnelle, devint l’habitude liturgique de l’Église latine dès l’époque carolingienne. L’exception est devenue la règle et manifeste l’attachement latin à ce que l’évêque soit personnellement le ministre des rites qui achèvent le baptême.

3 Report de l’âge de la confirmation en Occident

Jusqu’au xiii e siècle, il était de coutume de confirmer les enfants avant leur troisième anniversaire. La pratique occidentale commença à évoluer lorsque la confirmation fut davantage perçue comme le sacrement de la croissance et du témoignage. Une célèbre homélie de Pentecôte7 de l’évêque provençal Fauste de Riez († 476) développe ces thèmes et fit partie au ix e siècle des « Fausses décrétales » fabriquées pour soutenir la Réforme carolingienne :

Le texte du Pseudo-Melchiade a eu un poids décisif chez l’ensemble des théologiens scolastiques, et il les a empêchés de faire attention à l’unité des sacrements de l’Initiation qu’ils voyaient décrite dans les catéchèses de S. Ambroise. D’autre part ils ne connaissaient pas les catéchèses de Jérusalem et d’Antioche, dont les unes seront découvertes au xvi e et les autres au xx e, et qui leur auraient montré pareillement l’unité de l’Initiation8.

En 1204, le pape Innocent III déclare : « Par la confirmation le Saint-Esprit est donné pour la croissance et pour la force »9. Les deux termes se retrouvent chez saint Thomas d’Aquin et deviendront classiques : « augmentum et firmitatem » 10, comme on dit de l’Enfant Jésus qu’il « croît et se fortifie » (Lc 2,40). La confirmation est au baptême ce que la croissance est à la naissance, apportant ainsi une grâce de développement et de maturation.

Les premières normes liturgiques firent leur apparition dans le diocèse de Cologne qui, dans son concile de 1280, prescrivit que les enfants ne reçoivent pas la confirmation avant l’âge de sept ans au minimum. Malgré certaines résistances, cette pratique finit par s’imposer et fut consacrée par le Catéchisme du Concile de Trente qui précisera : « Tous ceux qui sont baptisés peuvent être confirmés. Cependant, il ne convient pas d’administrer ce sacrement à ceux qui n’ont pas atteint l’usage de la raison. Et si l’on ne croit pas nécessaire d’attendre l’âge de douze ans, au moins est-il convenable de ne pas l’administrer avant celui de sept ans »11. Cette sentence tridentine était théologiquement fondée sur le fait que les « scolastiques insistaient beaucoup sur l’aptitude que donne la confirmation à confesser la foi et à la défendre. Avant l’âge de raison, il est impossible de rendre compte de pareilles obligations »12. Une attention croissante sera portée à la subjectivité de l’enfant, à sa participation consciente aux sacrements qu’il reçoit. Le diocèse d’Aix en Provence demande ainsi, dès 1658, un minimum de douze ans pour la confirmation. Ce sont les diocèses situés au nord des Pyrénées et des Alpes (France, Allemagne et Autriche-Hongrie), qui vont être les plus vigilants quant à la qualité de la formation catéchétique nécessaire pour la réception du sacrement de la confirmation. Leur pratique se réclamera de certaines instructions du pape Benoît XIV : « l’évêque avertira les curés et leur ordonnera strictement de ne pas donner le sceau de la confirmation à ceux qui ignoreraient des chapitres importants de la foi et de la doctrine, ainsi que la force et la vertu des sacrements »13. Un usage nouveau s’établit dès le xix e siècle : la première communion sera donnée avant la confirmation retardée après la douzième année.

Cependant, l’événement capital pour notre propos fut la publication par le pape Pie X du décret Quam singulari, le 8 août 1910, qui prescrivait que « l’âge de discrétion pour la confession aussi bien que pour la sainte communion est celui où l’enfant commence à raisonner, c’est-à-dire vers sept ans, soit même au-dessous » (DS 3530). De plus, « il n’est pas nécessaire qu’il y ait une connaissance pleine et parfaite de la doctrine chrétienne » (DS 3531), mais il suffit que l’enfant perçoive, selon ses capacités, les mystères de la foi nécessaires et qu’il distingue le pain eucharistique du pain ordinaire avec la dévotion de son âge (DS 3532). Tandis que certains pays avancèrent simplement l’âge de la première communion14, le rapprochant de celui de la confirmation, la France et les pays du nord de l’Europe opérèrent une véritable révolution dans la pratique sacramentaire :

Les curés, soucieux de ne pas compromettre leur dispositif pastoral en matière de catéchèse, maintinrent artificiellement la « communion solennelle » à l’âge de douze ans, à la fin du catéchisme, et de même la confirmation, toujours dans l’orbite de celle-ci, ce qui eut pour conséquence d’aggraver encore l’interversion des sacrements par rapport à leur ordre primitif, puisque désormais la première communion précédait de quatre ou cinq ans la confirmation15.

Telle est l’origine de l’inversion16 de l’ordre traditionnel des sacrements de l’initiation chrétienne. Même si les pays du nord de l’Europe et les pays méditerranéens ont évolué séparément, dans l’Église latine en général, « on ne peut pas nier que dans la pratique, à l’heure actuelle, l’inversion de l’ordre de la confirmation et de l’Eucharistie concerne presque tous les diocèses »17. La raison principale invoquée est l’impossibilité d’assurer une préparation catéchétique adaptée et le manque de soutien rencontré chez les parents.

La question posée aux théologiens et aux pasteurs est désormais la suivante : que faut-il faire ? Comment accompagner aujourd’hui les enfants sur leur chemin d’initiation chrétienne ?

II En quête de l’unité perdue des sacrements de l’initiation chrétienne

1 Le débat sur l’âge de la confirmation

Cet article n’a pas la prétention de présenter exhaustivement le débat concernant l’âge de la confirmation, mais souhaite plutôt présenter des réflexions qui permettront de mieux saisir les enjeux des orientations choisies récemment par le diocèse de Paris.

Dans les années soixante-dix, l’ouvrage d’Henri Bourgeois, L’avenir de la confirmation, a le mérite de rendre compte de la pratique courante et reconnaît la prééminence des nécessités pastorales : « En l’absence de critères théologiques très fermes, il vaut mieux partir des nécessités pastorales de notre époque et situer la confirmation avec souplesse dans l’initiation de la foi »18. Henri Bourgeois préconise ainsi une très grande souplesse à propos des âges de la confirmation selon les choix pastoraux des diocèses et les aptitudes des familles concernées.

Son intérêt vient aussi de ce qu’il réfléchit théologiquement à la place que la confirmation a prise concrètement dans la triade des sacrements de l’initiation. Tout aumônier perçoit aisément aujourd’hui que « la confirmation se présente comme la clôture du processus en son ensemble, achevant non seulement le baptême mais également le sacrement eucharistique en sa ou ses premières réceptions »19. La difficulté est que la confirmation n’est plus vue dans son lien intrinsèque au baptême, mais comprise en lien avec une première pratique eucharistique. « Ainsi envisagée, l’onctionconfirmation n’est plus seulement épiclèse par rapport au baptême ; elle est aussi mystagogie et à l’égard du baptême et à l’égard de l’Eucharistie »20. L’auteur a parfaitement conscience de l’audace de sa proposition, car chez les Pères de l’Église, la mystagogie suit l’initiation, mais n’en fait pas partie. Pourtant son affirmation rend bien compte de la pratique actuelle : la confirmation « confirme » non seulement le baptême, mais une première pratique eucharistique. En ce sens, elle est une réexpression du mystère pour celui qui avait une pratique eucharistique « néophyte » du point de vue de sa disponibilité spirituelle humaine. L’onction chrismale le fait entrer dans une vie eucharistique plénière.

Le propos d’Henri Bourgeois permet donc de comprendre à quelles conclusions théologiques mène la pratique pastorale actuelle et aborde un point sur lequel il faudra revenir : le retour à une véritable mystagogie.

Dans son cours sur Les sacrements de l’initiation chrétienne 21, le jésuite Alain Mattheeuws présente avec pertinence le sacrement de confirmation comme étant un sacrement relationnel. Il développe les diverses harmoniques de l’unité de l’initiation chrétienne : « la distinction des sacrements y est perçue dans leur unité relationnelle »22. Cette unité est dynamique, ouverte à la liberté de l’Esprit. « Nous voulons souligner plus l’aspect circulaire et dialogal des sacrements entre eux que leur rapport séquentiel ou linéaire »23. Ainsi, le sacrement de confirmation ne se comprend que dans la foulée du baptême : il « confirme » le don originaire du baptême dans le fidèle mais il ne lui ajoute rien au sens d’une quantité ou d’une imperfection. La nouveauté de la confirmation permet au baptême de donner toute sa mesure de grâce. L’Esprit est donné à la confirmation dans un chemin de révélation trinitaire : « baptisés dans la mort et la résurrection du Christ, les fidèles sont confirmés dans l’Esprit en vue de communier en Église dans l’action de grâce au Père »24. Cette présentation n’oublie pas de mettre la confirmation en rapport avec la personne de l’Esprit Saint, l’évêque et l’Église ou encore l’effusion de l’Esprit dans le renouveau charismatique.

Dans cet univers relationnel, Alain Mattheeuws reprend à son compte la prise de position de Jean-Yves Lacoste pour comprendre l’initiation chrétienne en sa profondeur. La confirmation « nous dit de l’initiation chrétienne qu’elle est entrée dans l’inépuisable, et qu’elle est à ce titre toujours inachevée, tant que le chrétien n’est pas totalement transi de la charité de Dieu, et donc saint. La grâce de Dieu ne christianise pas d’un coup et d’une tangence abstraite ou fulgurante de l’éternité à notre temps, mais nous est prodiguée pour nous faire toujours plus hommes et toujours plus fils »25.

La position équilibrée d’Alain Mattheeuws lui permet finalement d’affirmer deux points fondamentaux complémentaires. D’une part, « le droit à la confirmation est un droit fondamental de l’enfant chrétien, et ce, dès qu’il peut s’approcher de l’autel pour y recevoir le corps du Christ »26. L’âge de la confirmation ne doit pas être fondamentalement différent de celui de la première communion puisque ces deux sacrements sont compris dans une même unité dynamique et qu’ils requièrent finalement la même connaissance de foi. D’autre part, « si la confirmation est de l’ordre du “plus-que-nécessaire”, c’est-à-dire de la gratuité, elle ne s’ajoute pas au baptême comme un signe du superflu, du nécessaire, mais comme un signe d’une surabondance de gratuité, de grâce par rapport à une économie de gestion sacramentelle du nécessaire et du suffisant »27. La confirmation est le signe sacramentel de la gratuité de l’économie divine qui ne vient pas récompenser des efforts mais apporter sa grâce pour que l’histoire humaine porte du fruit. Il n’est donc pas déterminant que la confirmation soit située avant ou après la première communion, avant ou après la profession de foi. L’essentiel est que la vérité théologale du sacrement de confirmation puisse surgir chez le fidèle au moment le plus opportun pour que la grâce de Dieu soit manifestée.

Guillaume de Menthière s’appuie de son côté sur le bien commun de la théologie occidentale depuis saint Thomas d’Aquin : la confirmation est au baptême ce que la croissance est à la naissance. Cette réflexion semble favoriser la réception du sacrement de confirmation à l’âge de la croissance, mais oblige aussi à se demander ce qu’est la maturité spirituelle. Faudrait-il confirmer les filles avant les garçons ? À quel âge peut-on devenir adulte spirituellement ?

Cela veut dire qu’on peut être adulte spirituellement à n’importe quel âge. Être adulte signifie en effet être parvenu au terme, ad-ultimum. Or des enfants sont bien souvent plus près du terme de la vie spirituelle (qui est la charité) que des « grandes personnes » (…). La confirmation confère au chrétien la perfection actuelle, c’est-à-dire la perfection dans la possession des moyens de grâce pour atteindre sa fin éternelle. (…) En ce sens là, la confirmation le fait ad-ulte, c’est-à-dire destiné à sa fin. Le mouvement de ce retour à Dieu s’accomplit sacramentellement dans l’Eucharistie28.

Guillaume de Menthière tient à mettre en valeur le mouvement de retour à Dieu que réalise la confirmation et accomplit l’eucharistie. En ce sens, il qualifie la confirmation de sacrement du don selon un double point de vue : don du Saint-Esprit qui suscite le don spirituel que Dieu agrée. Pour lui, « la confirmation ouvre le baptisé à ses capacités oblatives spirituelles. Elle est ainsi à la jointure des sacrements de l’initiation. (…) Elle est ce sacrement charnière entre le Don de Dieu et le don à Dieu »29. La confirmation opère donc le basculement nécessaire à une vie eucharistique plénière. Le don de l’Esprit dans la confirmation rend possible le don de soi effectif dans l’eucharistie, la communion fructueuse au sacrifice pascal30.

Le bénédictin Adrien Nocent († 1996), professeur à l’Institut pontifical de Liturgie saint Anselme à Rome, veut redonner son vrai sens au sacrement de confirmation et invite à entrer dans une véritable mystagogie. Il regrette la pauvreté de la théologie de l’Église d’Occident concernant le don de l’Esprit et constate « la confiance placée surtout dans les efforts personnels pour acquérir une maturité spirituelle, en oubliant que c’est sans doute l’Esprit qui en est la base évidemment la plus solide »31. Sa solution est donc de ne pas tarder pour conférer le don de la confirmation qui revêt le chrétien de force, lui permet de mûrir spirituellement et de vivre pleinement de l’eucharistie. Le don de l’Esprit dans la confirmation n’est pas la récompense divine aux efforts humains, mais ce qui permet à l’enfant de mûrir spirituellement jusqu’à ce qu’il puisse proclamer hautement sa foi. L’accent est alors mis sur une mystagogie exigeante qui conduit à un engagement décisif de la part du chrétien. Il souhaite que les sacrements de l’initiation chrétienne reçus en totalité vers sept ou huit ans ouvrent alors l’enfant à une mystagogie nourrissante au terme de laquelle il renonce à Satan et professe sa foi.

La proposition d’Adrien Nocent est une vraie révolution pastorale qui veut répondre aux défis de la nouvelle évangélisation dans un Occident déchristianisé et tient compte de la difficulté de baptiser des petits enfants dont les parents sont peu pratiquants :

Le baptême pourra être concédé dans la mesure où les parents accepteront une catéchèse prolongée qui leur donnera une réelle formation et s’ils acceptent les devoirs de leur état de parents responsables de la foi de leur enfant. Ils manifesteront cette responsabilité en faisant enseigner leur enfant jusqu’à l’âge d’environ 7 ans, quand il recevra la confirmation et l’eucharistie après avoir prononcé une première renonciation et les promesses baptismales qu’il reprend à son compte. Après cela, le voilà soumis à une mystagogie qui le conduit à la renonciation et aux promesses, prononcées cette fois, à l’âge mûr32.

Comment réaliser concrètement ce programme ? De quelle manière organiser cette mystagogie durant tout le temps de l’adolescence et jusque vers 18-20 ans ? Pour le père Nocent, la préparation des parents à l’occasion du baptême de leur bébé est la première étape qui encourage à suivre ensuite la mystagogie dispensée par l’Église. Il considère qu’une « exigeante authenticité à l’admission vers 18-20 ans à la renonciation et aux promesses baptismales rendra sans doute possible la fréquentation de cette mystagogie »33.

Refusant ce qu’il appelle un laxisme destructeur, s’inspirant librement des groupes « néo-catéchuménaux », Adrien Nocent reprend donc et amplifie la notion patristique de mystagogie. Son plan d’action pastorale peut encore sembler bien coercitif pour notre société. Est-il possible de demander à des enfants de pratiquer, pendant des années, puis de leur interdire de communier vers 18-20 ans s’ils ne sont pas admis à cette confession de foi publique ? Le critère d’appréciation de bonne conduite sera-t-il laissé à la discrétion du curé ou de l’évêque diocésain ? En même temps, devant les défis de la nouvelle évangélisation, il semble important de marquer des étapes clairement identifiées par une mystagogie fortement organisée. Il est également fondamental aujourd’hui de manifester la primauté du don de l’Esprit qui rend apte à une formation et une profession de foi authentique.

2 Réflexion théologique concernant les sacrements de l’initiation chrétienne

La théologie sacramentaire doit poursuivre sa réflexion pour que les sacrements de l’initiation chrétienne soient harmonieusement présentés et articulés. La constitution apostolique Divinae Consortium Naturae de Paul VI, en 1971, continue de soutenir cette recherche :

Dans le baptême, les néophytes reçoivent le pardon des péchés, l’adoption des fils de Dieu et le « caractère » du Christ, par lequel ils sont agrégés à l’Église et commencent à participer au sacerdoce de leur Sauveur (cf. 1 P 2,5.9).

Par le sacrement de confirmation, ceux qui sont nés à une vie nouvelle par le baptême reçoivent le don ineffable, le Saint-Esprit lui-même. Ils sont pourvus par lui d’une force spéciale (LG 11) et, marqués du caractère de ce sacrement, ils sont unis plus parfaitement à l’Église (LG 11) et sont plus strictement obligés à répandre la foi et à la défendre par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ 34.

La confirmation, enfin, est tellement liée à la Sainte Eucharistie que les fidèles, déjà marqués du sceau du baptême et de celui de la confirmation, trouvent en recevant l’Eucharistie leur insertion plénière dans le Corps du Christ.

(Presbyterorum ordinis 5)35

Cette présentation en trois paragraphes permet d’accueillir la spécificité du sacrement de confirmation et de comprendre en quoi il est vraiment à la jointure des sacrements d’initiation.

Les mots en italiques sont empruntés à Lumen gentium 1136 que la constitution de Paul VI reprend en changeant l’ordre des effets : c’est le don d’une force spéciale, celle du Don ineffable, le Saint-Esprit lui-même, qui est l’effet premier du sacrement de confirmation. Dire que la confirmation est le sacrement de l’Esprit, c’est dire qu’elle est l’actualisation dans l’Église du mystère de la Pentecôte. Paul VI situe clairement la théologie de la confirmation dans la foulée du baptême. Si le baptême confère le pardon des péchés, la nouvelle naissance des fils de Dieu et un commencement de participation au sacerdoce du Christ, la confirmation apporte croissance37 et approfondissement de la grâce baptismale. La confirmation s’inscrit dans le dynamisme de l’Esprit-Saint qui accorde le progrès spirituel et fait franchir des étapes nouvelles sur le chemin de la foi, de l’espérance et de la charité.

La constitution ajoute un effet propre au sacrement de confirmation : le « caractère », dont aucun des textes de Vatican II relatifs à la confirmation ne fait mention explicite38. Le saint chrême signifie cet effet du sacrement de confirmation. Cette marque d’un sceau inaliénable est le signe d’une participation permanente au pouvoir sacerdotal du Christ39. Elle est inamissible et agit comme une disposition positive permanente pour la grâce40. Le caractère de la confirmation est à la fois signe d’agrégation à l’Église, marque du Saint-Esprit, députation au culte spirituel. La confirmation parfait la participation au sacerdoce du Christ commencée au baptême. La théologie doit continuer d’approfondir l’articulation entre le caractère du baptême et celui de la confirmation41 en précisant la portée de l’onction chrismale du baptême des petits enfants par rapport à celle de la confirmation42.

Le lien plus parfait à l’Église est indiqué relativement tardivement par Paul VI, tandis que Lumen gentium 11 le mettait en premier des effets de la confirmation. La confirmation insère pleinement dans la condition historique de l’Église. D’où l’importance de la rencontre avec l’évêque, Père et Époux de l’Église de son diocèse. Pour Alain Mattheeuws, « devenir chrétien, c’est s’ouvrir au Corps tout entier, à l’Église universelle. L’évêque le rappelle : il manifeste que l’Église est le “lieu où fleurit l’Esprit” »43.

Dans le même mouvement, Paul VI aborde le témoignage que les confirmés doivent rendre au Christ. Il faut bien noter que cette obligation d’être témoin n’est pas présentée comme une condition à la réception du sacrement, mais bien plutôt comme un effet du don ineffable de l’Esprit qui conforme davantage au mystère du Christ. Le chrétien confirmé témoigne de la mort et de la résurrection du Christ, car la confirmation le rend plus parfaitement semblable au Sauveur. Selon Albert Chapelle, « le Saint-Esprit nous est donné dans le sacrement de notre confirmation, comme Celui qui nous associe à la mission et à l’action du Fils en ce monde, vers le Père. Ce qui nous est donné d’être en plénitude dans le baptême, nous avons à le mettre en œuvre et à en témoigner grâce à la force qui nous confirme en notre vocation première »44.

Nous sommes baptisés et confirmés en vue de l’eucharistie qui est la réalité vers laquelle tend toute l’initiation chrétienne. Il nous faut ainsi recentrer la catéchèse mystagogique de la confirmation sur l’eucharistie. Le Don que Dieu fait aux confirmés les engage à lui rendre un culte spirituel, à « offrir (leur) personne en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu » (Rm 12,1).

Appelé par Dieu, sanctifié par le baptême, fortifié par la puissance de l’Esprit du Ressuscité, le confirmé témoigne au premier chef en se joignant officiellement à l’assemblée pour exercer en elle et avec elle le sacerdoce de la Nouvelle Alliance45.

La profession publique du confirmé se réalise d’abord par sa participation à l’Eucharistie qui couronne l’initiation chrétienne. La confirmation permet de comprendre que, dans l’Eucharistie, Dieu se donne à nous en nous donnant à lui. Pour Guillaume de Menthière, « la communion ne consiste pas seulement à “recevoir Jésus”, mais à communier à son sacrifice pascal pour en recevoir le fruit, c’est-à-dire l’Esprit de Pentecôte qui fait l’Église, en unissant la Tête, le Christ, et son Corps en un unique sacrifice spirituel »46.

3 Nouvelles orientations du diocèse de Paris

Quel est le « temps opportun »47 pour recevoir le sacrement de confirmation ? Les conférences épiscopales nationales et les diocèses ont entamé, depuis de nombreuses années, une réflexion pastorale et théologique concernant les sacrements de l’initiation chrétienne. Benedikt Tomas Mohelnik, dans sa thèse de doctorat, fait état de la grande diversité de décisions48, avec une tendance prédominante à retarder la confirmation au début de l’adolescence. Nous pouvons cependant noter que le diocèse de Brescia en Italie a adopté en 2003 un programme de catéchisme pour que la confirmation soit conférée dans la même célébration que la première communion eucharistique49. De même, comme l’écrit Mohelnik, « les évêques écossais ont décidé que les enfants seront confirmés et recevront la première communion au cours de la même célébration. Leur formation préparatoire commencée autour de sept ans, doit durer deux ans et la cérémonie a lieu au temps pascal de leur seconde année de catéchisme »50.

Retrouver la signification de l’initiation chrétienne

Le diocèse de Paris veut permettre aux enfants catéchisés de retrouver le sens de l’initiation chrétienne. Pauline Dawance, responsable du Service de la catéchèse du diocèse de Paris, présente clairement le défi qui se présente aux communautés paroissiales : « Tout l’enjeu est de faire comprendre aux jeunes et à leurs parents que le catéchuménat est une initiation à la vie chrétienne et non une simple préparation aux sacrements considérés séparément »51. Comme nous l’avons vu dans notre première partie, l’initiation concerne bien l’entrée du chrétien dans le mystère du Christ et donc sa participation à la Pâque du Christ. Alain Mattheeuws souligne avec justesse que l’unité des sacrements de l’initiation est une unité dynamique, relationnelle qui dit qu’aucun sacrement ne peut être compris indépendamment des autres. Dieu invite chaque enfant à entrer dans le mystère de sa vie de grâce. Plutôt que de valoriser chaque étape sacramentelle comme autant de séquences dans un parcours dispersé, le Service parisien de la catéchèse privilégie un parcours unifié et prolongé qui culmine vers la fête de Pâques au cours de laquelle le catéchumène enfant reçoit conjointement les trois sacrements de l’initiation.

Ce que le diocèse de Paris a décidé pour les catéchumènes de 7 à 18 ans influence aussi l’ensemble du parcours catéchétique en rendant plus cohérentes les démarches sacramentelles de première communion et confirmation pour les enfants baptisés quand ils étaient bébés. Dans le cadre de la nouvelle évangélisation, il s’agit en effet de tenir compte d’une certaine tension sociale pour la corriger : la première communion est réclamée par les familles comme allant de soi au point qu’un discernement concernant la préparation de l’enfant paraît incompréhensible, voire intrusif. À l’inverse, la confirmation doit sans cesse être proposée, à tous âges : le baptême reçu appelle en lui-même le complément, l’achèvement, le sceau qu’est la confirmation. Il y a donc une grave anomalie à ce qu’un baptisé ne reçoive jamais la confirmation52.

Un discernement personnalisé pour la première communion

Le Service diocésain de la catéchèse demande aux paroisses d’opérer un discernement personnalisé pour l’accès à la première communion. Il s’agit par exemple de refuser que des classes entières d’enfants de 9-10 ans avancent sans discernement vers la communion. L’avertissement de saint Paul reste valable : « Que chacun s’éprouve soi-même avant de manger ce pain et de boire cette coupe, car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur mange et boit sa propre condamnation » (1 Co 11,28). Le décret Quam singulari de Pie X demande que l’enfant distingue le pain eucharistique du pain ordinaire avec la dévotion de son âge et qu’il perçoive selon ses capacités, le mystère eucharistique. Il importe donc que l’enfant puisse avoir, au cours de sa préparation, un entretien particulier avec l’aumônier ou le catéchiste responsable, entretien d’autant plus nécessaire que la première confession sacramentelle intervient avant la première communion.

Les paroisses accueillent maintenant des enfants extrêmement divers : certains allant à la messe tous les dimanches, d’autres presque jamais. Des enfants ont suivi l’éveil à la foi ou la pré-catéchèse, tandis que d’autres rejoignent le catéchisme tardivement. Toutes ces raisons militent en faveur d’un accompagnement personnalisé et la recherche du bien de chaque enfant. Puisqu’il est nécessaire d’avoir une catéchèse approfondie de deux ans avant la réception des sacrements, l’âge de la première communion devient extrêmement varié, depuis l’âge de sept ans pour les plus pratiquants, jusque vers 10, 11 ou 12 ans pour d’autres qui peuvent ainsi recevoir le corps du Christ le jour de leur confirmation.

Soutenir les paroisses qui proposent la confirmation dès l’âge de 10-11 ans

Alors qu’actuellement les parents ont souvent été eux-mêmes confirmés à la fin de l’adolescence, la proposition épiscopale de soutenir les confirmations dès l’âge de 10-11 ans est une vraie interpellation qui permet de changer les usages53.

L’enfant qui reçoit la confirmation permet à l’Esprit-Saint de rejoindre sa propre croissance en lui apprenant à aimer, à être libre et à mieux connaître le Christ. C’est bien l’Esprit-Saint qui révèle à l’intime de chacun que le Christ est mort et ressuscité pour lui, que sa vie est belle, unique, et qu’aimer en vérité est possible.

« La maturité suffisante pour être confirmé est la même que celle pour accéder à la communion. Elle est même une condition de maturité qui habilite à communier d’une façon plus consciente et active, grâce précisément au Don du Saint-Esprit qui permet de discerner et d’apprécier les dons de Dieu »54. Au terme d’un parcours catéchétique et avant les troubles de l’adolescence, l’enfant peut avoir une maturité spirituelle impressionnante qui le rend disponible au don de Dieu. Il est alors rendu capable d’une première renonciation à Satan, et sa profession de foi vécue dans le cadre de la célébration de la confirmation lui permet de reprendre à son compte les promesses baptismales.

Certains enfants font déjà l’expérience d’un amour concret de Dieu qui les accompagne alors qu’ils vivent des situations délicates en famille ou en classe. Un enfant a d’autant plus besoin d’être soutenu par la force de l’Esprit-Saint qu’il n’est pas aidé par la foi de ses parents ou par ses amis. C’est la raison pour laquelle, paradoxalement, il arrive fréquemment que des enfants issus de familles non pratiquantes soient confirmés dès 10 ans, tandis que d’autres enfants plus privilégiés dans leur environnement de foi pourront recevoir plus tard la chrismation.

Dans ce cadre prévu par le diocèse de Paris, la vie de foi nourrie par l’aumônerie devient alors le temps de la mystagogie. Recevoir l’intégralité des sacrements de l’initiation chrétienne dans l’enfance est un appel à laisser le Don de Dieu fructifier. La force de la confirmation permet à la vie eucharistique de se déployer en plénitude. Il est alors clairement manifesté que cette profession de foi est le fruit du long cheminement de la grâce de Dieu dans une histoire. La force spéciale de l’Esprit-Saint reçu à la confirmation accompagne la croissance humaine et spirituelle du jeune qui peut alors s’engager résolument dans sa profession de foi. Le don est et devient mission : « vous serez mes témoins » (Ac 1,8). La confirmation signe, de la part de Dieu, cette aptitude à être témoin de son salut et de sa présence, quel que soit l’âge auquel ce sacrement est reçu.

Demeure une question cruciale : comment motiver les jeunes pour qu’ils suivent effectivement ce parcours et n’abandonnent pas la pratique chrétienne après leur confirmation ? S’il ne paraît pas juste de retarder la confirmation, qui prive le chrétien de sa force, il reste encore à rendre indispensable une mystagogie digne de ce nom qui permette de déployer toutes les richesses de l’initiation chrétienne reçue.

Proposition de mise en œuvre du Rituel de l’Initiation chrétienne avec les enfants et les adolescents.

Le diocèse de Paris met en œuvre le rituel de la confirmation qui indique très clairement :

Les catéchumènes adultes, et aussi les enfants qui sont baptisés à l’âge du catéchisme, sont normalement admis à la confirmation et à l’eucharistie aussitôt après avoir reçu le baptême55 (Rituel romain 11, Rituel français 8).

On aura donc conscience que le catéchuménat des adultes et des enfants en âge de catéchisme ne doit pas les acheminer seulement vers le baptême, mais vers l’ensemble de l’initiation chrétienne, qui forme un tout : normalement, lorsqu’on est prêt à recevoir le baptême, on est prêt également à accéder à la confirmation et à l’eucharistie.

(Rituel français 9)

Pour appliquer ces directives, le diocèse de Paris enrichit le Rituel du baptême des enfants 56 par la démarche cohérente et structurée du Rituel de l’Initiation chrétienne des adultes (RICA). Les enfants profitent ainsi des étapes et célébrations qui étaient jusqu’à maintenant réservées aux adultes57. La préparation et la célébration unifiées des sacrements dans la nuit de Pâque sont préconisées. Il s’ensuit l’inscription dans la durée de la préparation, selon un calendrier de 18 mois qui peut être réduit à 12 exceptionnellement. L’objectif est de promouvoir la conversion personnelle du catéchumène enfant, conversion qui se trouve éprouvée pendant le temps de l’été. Les quatre étapes du RICA sont adaptées et bien mises en valeur : première évangélisation, catéchuménat, purification-illumination, mystagogie.

La célébration de l’accueil de la demande, propre au rituel du baptême des enfants en âge de scolarité, est maintenue. Ce rite, important pour les enfants qui veulent demander le baptême, éclaire le temps de la première évangélisation.

La célébration de l’entrée en catéchuménat ouvre le temps du catéchuménat. L’entrée en catéchuménat comporte la signation et la remise de l’Évangile. L’onction des catéchumènes enfants peut se situer à des moments différents durant ce temps du catéchuménat. Les onctions et bénédictions sont célébrées pour le bien spirituel des catéchumènes : elles peuvent être réitérées. Il est également prévu la tradition de l’oraison dominicale.

« Du RICA ont été repris l’appel décisif, célébré en doyenné pour les enfants, et la célébration des trois scrutins »58. L’appel décisif qu’on appelle aussi « élection » ou « inscription du nom » coïncide avec la tradition du Symbole et ouvre le temps de la purification et de l’illumination. Il sera célébré le premier dimanche de Carême ou, à défaut, un autre jour entre les Cendres et le premier mercredi de Carême inclus. L’appel est habituellement accompli par l’évêque pour les adultes et adolescents. Les enfants seront eux aussi appelés par l’évêque : ils recevront une invitation59 de ce dernier par l’intermédiaire du curé et la célébration de leur appel décisif pourra être vécue en doyenné. On favorisera la célébration des trois scrutins60 le dimanche dans la paroisse où l’enfant recevra les sacrements de l’initiation chrétienne. La reddition du Symbole pourra se faire le dimanche des Rameaux avec le rite de l’Effétah.

Les sacrements61 de l’initiation sont célébrés au cours de la vigile pascale, le dimanche de Pâques ou pendant le temps pascal. La redditio de l’oraison dominicale se fait en récitant le Notre Père avec les autres baptisés pendant la célébration. Le temps de la mystagogie suit immédiatement et fait entrer dans le mystère dans lequel les enfants ont été plongés. Il est proposé au néophyte de retrouver son accompagnateur pour relire son expérience. La mystagogie prépare aussi le néophyte à vivre le sacrement de réconciliation.

Le grand intérêt de ce programme diocésain est de favoriser la réception conjointe des sacrements de l’initiation chrétienne, y compris pour les enfants, lors de la vigile pascale ou durant le temps pascal. L’insertion du néophyte dans la communauté chrétienne est alors pleinement manifestée. La place de l’évêque diocésain, mise notamment en valeur par l’invitation que l’enfant catéchumène reçoit, est justement soulignée. Les étapes et rites ont été multipliés par rapport au rituel du baptême des enfants en âge de scolarité. Elles permettent à l’enfant de se préparer spirituellement et de mieux prendre conscience du don de Dieu qu’il recevra.

Conclusion

L’Occident chrétien donne malheureusement l’exemple d’une société qui doit accueillir une nouvelle annonce de la foi. Cependant, ce constat sévère est contrebalancé par une espérance forte qui est l’objet de cet article : Dieu continue d’appeler à la vie nouvelle. Comme l’a écrit Michel Sales, « la Bonne Nouvelle indissociable de la Vie Nouvelle apportée par le Verbe incarné doit transformer jusqu’aux racines de l’humanité »62. Évangéliser n’est pas donner un vernis chrétien superficiel à une personne, mais lui permettre de rencontrer le Christ et de vivre de son mystère. Telle est la joie profonde que procurent les sacrements de l’initiation chrétienne. Telle est aussi la responsabilité de ceux qui préparent les catéchumènes : laisser le Christ transformer durablement une existence par son mystère pascal. Tout l’enjeu de la vie chrétienne est de vivre du mystère du Christ. Les sacrements de l’initiation chrétienne permettent justement à la vie du Christ de devenir la vie même des chrétiens. Ils construisent notre histoire par la victoire du Ressuscité qui achève l’histoire en lui donnant tout son sens. Le Service de la catéchèse du diocèse de Paris est attentif à ce que les enfants catéchumènes puissent rencontrer le Christ lors d’une unique préparation aux sacrements qui seront célébrés conjointement à Pâques. Ainsi le sens véritable de l’initiation chrétienne est mis en lumière tandis que le temps de la mystagogie est restauré.

La pastorale sacramentelle va devoir s’adapter dans les prochaines décennies aux mutations socio-culturelles des catholiques qui viennent demander et recevoir des sacrements. Des évolutions notables ne doivent pas être exclues pour l’admission des bébés au baptême (en raison de la faible pratique de l’entourage familial), comme pour les préparations au mariage (fiancés peu catéchisés et pratiquants). Associés à la question de la première communion et de la confirmation, ces chantiers en vue d’une nouvelle évangélisation en profondeur sont enthousiasmants et prometteurs. Toute l’histoire de l’Église met en lumière le souci constant des pasteurs de permettre que le don de Dieu soit reçu en chaque culture, à chaque époque. Il s’agit d’accueillir de manière responsable et éclairée ce que Dieu veut pour conduire son peuple à la sainteté et au salut.

La recherche théologique et pastorale dans l’Église latine lui permet de redécouvrir et de remettre en valeur l’unité des sacrements de l’initiation chrétienne. Le Concile Vatican II, comme les différents rituels, sont explicites sur le sujet. Sa mise en œuvre sera de notre point de vue progressive, mesurée, mais réelle, comme en témoignent divers projets pastoraux, dont celui de Paris.

Notes de bas de page

  • 1 Benoît XVI, Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis 18.

  • 2 Cf. P. Turner, « Benedict XVI and the Sequence of the Sacraments of Initiation », Worship 82/2 (2008), p. 140.

  • 3 Service diocésain de la catéchèse, Proposition de mise en œuvre du Rituel de l’Initiation chrétienne avec les enfants et les adolescents, Paris, 2013.

  • 4 Jean Chrysostome, Cat. bapt. 3, 175, dans Huit catéchèses baptismales inédites, A. Wenger (éd.), SC 50, Paris, Cerf, 1957, p. 93.

  • 5 J.-P. Revel, Traité des sacrements II. La confirmation. Plénitude du don baptismal de l’Esprit, Paris, Cerf, 2006, p. 119.

  • 6 Il s’agit des baptêmes donnés dans l’urgence, pour des personnes gravement malades qui ne pouvaient attendre la nuit de Pâques, ni la présence de l’évêque. Eusèbe De Césarée, dans son Histoire Ecclésiastique (VI, 43,15, SC 41, p. 157), rapporte cette lettre du pape Corneille à Fabius, évêque d’Antioche : « Lorsqu’il est tombé dans une maladie grave, pensant presque mourir, dans le lit même où il était couché, il a reçu le baptême par infusion. (…) Cependant, après avoir échappé à la maladie, il n’a pas reçu les autres choses qu’il faut recevoir suivant la règle de l’Église et il n’a pas été signé par l’évêque ; n’ayant pas reçu tout cela, comment aurait-il reçu l’Esprit-Saint ? »

  • 7 « Dans la source (baptismale), l’Esprit-Saint accorde la plénitude de l’innocence, dans la confirmation, il garantit un surcroît de grâce, parce que dans le monde on s’avance entre des ennemis et des dangers invisibles qu’il faudra vaincre sa vie durant. Dans le baptême nous sommes régénérés pour la vie, après le baptême, nous sommes confirmés pour le combat. Dans le baptême nous sommes lavés, après le baptême nous sommes fortifiés (…) La confirmation arme et instruit ceux qui sont réservés pour les combats et les guerres de ce monde » (Fauste De Riez, Homélie 28, coll. pseudo-eusébienne gallicane, dans J. Leroy, L’ Œuvre oratoire de S. Fauste de Riez, étude et texte critique, Strasbourg, 1954, vol. 2, p. 190-195 ; repris comme Lettre décrétale du pape Melchiade, PL 7, col. 1119-1120).

  • 8 P.-M. Gy, « La documentation sacramentaire de Thomas d’Aquin. Quelle connaissance S. Thomas a-t-il de la tradition ancienne et de la patristique ? », Revue des sciences philosophiques et théologiques 80/3 (1996), p. 427. La compréhension de la confirmation comme sacrement de la lutte et de la force ne repose pas uniquement sur la fausse décrétale du pseudo-pape Melchiade : voir en particulier A.-G. Martimort, « La confirmation » dans Communion solennelle et profession de foi, Paris, Cerf, 1952, p. 182-185.

  • 9 Lettre « Cum venisset » à l’archevêque Basile de Tarnovo, DS 785.

  • 10 S. Thomas D’Aquin, ST III, qu. 72, a. 7, ad 1.

  • 11 Catéchisme du Concile de Trente, IIe partie, « Des sacrements », chap. IV (17), §4.

  • 12 A. Adam, Confirmation et pastorale, Bruxelles, Lumen Vitae, 1963, p. 65.

  • 13 Benoît XIV, Instruction sur la doctrine chrétienne à enseigner aux peuples, Allatae sunt, 26 juil. 1755, n. 22. Ou encore l’Instruction au sujet des doutes ayant trait aux rites de l’Église, Eo quamvis tempore, 4 mai 1745, n. 5 et 6 : « Le sacrement de confirmation ne sera conféré qu’en cet âge où les fidèles, ayant dépassé ce qui est de l’enfant, comprendront combien diffèrent l’un de l’autre le baptême et la confirmation (…) par laquelle ils sont fortifiés pour la lutte et instruits par la grâce en vue des combats à mener ».

  • 14 P. Henrici, « Un sacrement de la maturité », Communio 23/1-2 (1998), p. 145 : « [En Suisse] même après que Pie X eut de nouveau introduit la communion précoce, on a maintenu de multiples façons la succession traditionnelle des sacrements de l’initiation et administré la confirmation, souvent lors de la même cérémonie, avant la première communion ».

  • 15 J.-P. Revel, Traité des sacrements II (cité supra n. 5), p. 16. L. Bouyer, « Confirmation », Dictionnaire théologique, Tournai, Desclée, 19632, p. 158-159 : « La relative négligence des catholiques modernes à son égard peut seule expliquer l’étrange inconséquence qui, dans certains pays, comme le nôtre, a fait rétablir la communion des enfants en bas âge sans qu’on songeât seulement à avancer de même le sacrement terminal de l’initiation chrétienne. De la sorte, on en est venu à donner celui-ci, au rebours de toute la tradition et en dépit de son sens, après et non avant la première communion qui devrait en être la première conséquence ».

  • 16 La Congrégation pour les Sacrements précisa en 1932 que donner le sacrement de confirmation avant la communion « était opportun et plus conforme à la nature et aux effets du sacrement de confirmation (…). Cependant on ne doit pas interdire à des enfants l’admission à la Sainte Table, s’ils sont parvenus à l’âge de la discrétion, même s’ils n’ont pas pu auparavant recevoir la confirmation » (Sacra Congregatio de Sacramentis, « Decretum de ætate confirmandorum », AAS 24 [1932], p. 271).

  • 17 B.-T. Mohelnik, « Gratia augmenti », Contribution au débat contemporain sur la confirmation, Fribourg, Saint-Paul, 2005, p. 59.

  • 18 H. Bourgeois, L’avenir de la confirmation, Lyon, Chalet, 1972, p. 115-116.

  • 19 Id., « La place de la confirmation dans l’initiation chrétienne », NRT 115 (1993), p. 535.

  • 20 Ibid.

  • 21 A. Mattheeuws, Les sacrements de l’initiation chrétienne. Baptême-Confirmation-Eucharistie, t. 1 et 2, Parole et Silence, Paris, 2010. Cf. également du même auteur, « L’eucharistie au cœur des sacrements de l’initiation chrétienne », La Maison Dieu 243 (2005), p. 61-80.

  • 22 Ibid., t. 2, p. 53.

  • 23 Ibid.

  • 24 Ibid., p. 53-54.

  • 25 J.-Y. Lacoste, « La surabondance », CommunioVII/5 (1982), p. 59 (cité par A. Mattheeuws, p. 56).

  • 26 Ibid., p. 58 (cité par A. Mattheeuws, p. 55).

  • 27 A. Mattheeuws, Les sacrements de l’initiation chrétienne (cité supra n. 21), t. 2, p. 57.

  • 28 G. De Menthière, La confirmation, sacrement du Don, Paris, Parole et Silence, 1998, p. 129-130.

  • 29 Ibid., p. 146.

  • 30 Louis Ligier va encore plus loin : « Il est permis de penser qu’aussi longtemps qu’un baptisé n’a pas été confirmé, il n’est pas à la hauteur de son sacerdoce (…). Il n’est pas en mesure de participer à la Messe selon toutes les exigences de son caractère de chrétien (…). Seuls les confirmés sont en état de recevoir en plénitude les fruits de la communion » (L. Ligier, La Confirmation, sens et conjoncture œcuménique hier et aujourd’hui, Paris, Beauchesne, 1973, p. 276).

  • 31 A. Nocent, « La Confirmation. Questions posées aux théologiens et aux pasteurs », Gregorianum 72/4 (1991), p. 699.

  • 32 Ibid., p. 702.

  • 33 Ibid. L’auteur poursuit ainsi : « Celui qui ne la suivrait pas ne pourrait être admis à cette célébration solennelle de sa renonciation et de ses promesses ; il ne le serait pas davantage si sa conduite publique laissait à désirer. Or, s’il ne peut être admis à cette confession publique de sa foi, il ne pourra plus recevoir les sacrements jusqu’au moment où il aura pu répondre aux exigences de l’Église » (ibid.).

  • 34 Cf. Ad gentes 11 : « Tous les chrétiens, partout où ils vivent, sont tenus de manifester de telle manière, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés au moyen de la confirmation ». Puissance du Saint-Esprit et force reçue de lui sont donc, dans ce texte, le signe distinctif de la confirmation.

  • 35 Paul VI, Constitution Apostolique Divinae Consortium Naturae sur le sacrement de Confirmation, Doc. cath. 68 (1971), col. 853.

  • 36 LG 11 : « Par le sacrement de confirmation, leur lien avec l’Église est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit-Saint et obligés ainsi plus strictement tout à la fois à répandre et à défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ. Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne ils offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec elle ».

  • 37 « Il est particulièrement important aujourd’hui de redécouvrir le sacrement de la confirmation et d’en retrouver la valeur pour notre croissance spirituelle (…) il deviendra ainsi un “chrétien accompli”, parce que la confirmation parfait la grâce baptismale » (Benoît XVI, « Message aux jeunes à l’occasion de la xxiii e JMJ 2008 » dans Doc. cath. 104 [2007], p. 887).

  • 38 Le premier document du magistère catholique qui enseigne formellement que la confirmation donne un caractère distinct de celui du baptême et de celui de l’ordre est le Décret pour les Arméniens de 1439 : « Parmi ces sacrements, il y en a trois, le baptême, la confirmation et l’ordre, qui impriment dans l’âme un caractère, c’est-à-dire un certain signe spirituel qui distingue de tous les autres, indélébile. C’est pourquoi ils ne sont pas réitérés dans la même personne » (DS 1313).

  • 39 Cf. L. Bouyer, « Caractère », Dictionnaire théologique, Tournai, Desclée, 19632, p. 121.

  • 40 Cf. CEC 1121.

  • 41 Les deux sacrements sont ordonnés l’un à l’autre. Il n’y a pas d’opposition entre les deux caractères. « Si chaque caractère est une “participatio sacerdotii Christi”, on peut donc voir dans le caractère de la confirmation une affinité et une assimilation spéciales à l’égard des aspects prophétique et royal du sacerdoce souverain du Christ, et du même coup la participation typiquement laïque à la fonction d’enseignement et à la tâche de combat victorieux du Christ et de sa hiérarchie ecclésiastique » (E. Schillebeeckx, L’économie sacramentelle du salut. Réflexion théologique sur la doctrine sacramentaire de saint Thomas, à la lumière de la tradition et de la problématique sacramentelle contemporaine, Studia Friburgensia 95, Fribourg, Academic Press, 2004, p. 447).

  • 42 Sachant que si la confirmation suit immédiatement le baptême, l’onction post-baptismale n’est pas pratiquée et sa formule omise, cf. A. Nocent, « La Confirmation… » (cité supra n. 31), p. 695-697.

  • 43 A. Mattheeuws, Les sacrements de l’initiation chrétienne (cité supra n. 21), t. 2, p. 54.

  • 44 A. Chapelle, « Le sacrement du Dieu-Esprit », Communio 7/5 (1982), p. 11.

  • 45 M. Ouellet, « La confirmation, sacrement de l’initiation chrétienne », Communio 38/2 (2013), p. 121.

  • 46 G. De Menthière, La confirmation (cité supra n. 28), p. 147.

  • 47 Cf. Code de droit canonique de 1983 : « Les fidèles sont tenus par l’obligation de recevoir ce sacrement en temps opportun ; les parents et les pasteurs d’âmes, surtout les curés, veilleront à ce que les fidèles soient dûment instruits pour le recevoir et à ce qu’ils s’y présentent en temps opportun » (c. 890). « Le sacrement de confirmation sera conféré aux fidèles aux alentours de l’âge de raison, à moins que la Conférence des Évêques n’ait fixé un autre âge, ou qu’il n’y ait danger de mort ou bien que, au jugement du ministre, une cause grave ne conseille autre chose »(c. 891). Le canon 97, 2 fixe la présomption d’âge de raison à sept ans. La confirmation peut donc, dans l’Église latine, être conférée à partir de l’âge de sept ans.

  • 48 Cf. B.-T. Mohelnik, « Gratia augmenti » (cité supra n. 17), p. 59-67.

  • 49 Diocesi di Brescia, L’iniziazione cristiana dei fanciulli e dei ragazzi, 2003.

  • 50 B.-T. Mohelnik, « Gratia augmenti » (cité supra n. 17), p. 61.

  • 51 P. Dawance, « Du nouveau pour les catéchumènes de 7 à18 ans ! », Paris Notre-Dame, 3 janv. 2013, p. 6.

  • 52 Le caractère nécessaire de la confirmation est souligné par l’antique faculté de le voir validement conféré, en cas de péril de mort, par tout prêtre. « En effet, l’Église veut qu’aucun de ses enfants, même tout petit, ne sorte de ce monde sans avoir été parfait par l’Esprit-Saint avec le don de la plénitude du Christ » (CEC 1314).

  • 53 Cf. P. Mac Partlan, « Changeons nos usages », Communio 23/1-2 (1998), p. 157 :« On peut craindre que l’influence janséniste ne contamine aujourd’hui la confirmation. Les partisans de son report à la fin de l’adolescence doivent pourtant admettre que personne n’est jamais vraiment digne des sacrements ni complètement prêt à les recevoir. Ce sont toujours des dons libres, immérités, qu’on peut passer toute sa vie à approfondir ».

  • 54 M. Ouellet, « La confirmation, sacrement de l’initiation chrétienne » (cité supra n. 45), p. 124.

  • 55 De manière semblable, le rituel du baptême des enfants en âge de scolarité donne la possibilité au prêtre qui baptise l’enfant en l’absence de l’évêque de le confirmer immédiatement après. « Cela permet de rendre manifeste que les trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie sont les sacrements d’une unique initiation chrétienne, et non les sacrements d’étapes psychologiques. Les nouveaux baptisés sont toujours admis à la liturgie eucharistique aussitôt après leur baptême (…). En communiant au corps et au sang du Christ, ils mettent le sceau à l’Alliance contractée avec lui et ils annoncent déjà prophétiquement le Royaume à venir » (Rituel français 90-91, Rituel romain 344).

  • 56 Le guide pastoral concerne la formation catéchuménale des jeunes de l’aumônerie et des enfants du catéchisme. Dans la suite de notre article, nous indiquerons ses propositions pour les enfants. La proposition de mise en œuvre du Rituel présente : deux calendriers du catéchuménat (sur 12 et 18 mois) ; des points de relecture, dans l’action de grâce, du cheminement de chacun à l’occasion de la célébration des étapes ; des propositions pour célébrer ces étapes.

  • 57 Le registre de catéchuménat des enfants et adolescents sera rempli au fur et à mesure des rites essentiels.

  • 58 P. Dawance, « Du nouveau pour les catéchumènes… » (cité supra n. 51), p. 6.

  • 59 Selon le modèle suivant : « Cher …, le prêtre et les catéchistes qui t’accompagnent m’ont transmis ta demande d’être baptisé à Pâques. Depuis quelques mois, tu écoutes la parole de Dieu de tout ton cœur et tu cherches à la mettre en pratique. Au nom du Seigneur Jésus-Christ et de l’Église, je suis heureux de t’appeler aux sacrements de l’initiation : baptême, eucharistie et confirmation. Je t’invite à rejoindre les autres catéchumènes et les chrétiens que tu connais pour la célébration de l’appel qui sera célébrée le … à … par le père … et je prie pour toi. Paris, le … + André Cardinal Vingt Trois, Archevêque de Paris ».

  • 60 Si des « messes de scrutin » tombent pendant les vacances scolaires, on utilisera toutes les possibilités d’adaptations.

  • 61 Si de justes raisons pastorales portent vers un report de la confirmation, on veillera à ce qu’elle soit célébrée dans un délai le plus réduit possible pour éviter une deuxième initiation, moins intense, afin que l’unité sacramentelle reste toujours comprise par le jeune.

  • 62 M. Sales, Le Corps de l’Église. Études sur l’Église une, sainte, catholique et apostolique, Paris, Fayard, 1989, p. 145.

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