Introduction. D’une polarité fondamentale
Déjà les Grecs, tenants d’une vision duelle de l’univers, observaient que le cosmos résulte de l’affrontement permanent de la limite et de l’illimité, de la mesure et de la démesure, de la définition et de l’indéfini, de l’un et du multiple ; pour prendre un exemple bien connu, Empédocle comprend la réalité comme une composition de quatre éléments, la terre, l’air, l’eau et le feu, tour à tour reliés par l’Amour puis dissociés par la Haine. Le premier principe agit en faveur de l’union, de l’unification, il fait tendre les choses vers l’Un ; le second sépare, divise et sème la multiplicité. De sorte que Platon ne fait qu’inscrire ses pas dans cette tradition de la polarité lorsque, dans le dialogue du Sophiste (en 246), il laisse l’Étranger exposer à Théétète la thèse de la lutte entre les…