L'histoire en laquelle le Mystère du Salut a pris corps, et continue à prendre corps, a-t-elle connu en son centre, c'est-à-dire en ce qui s'est accompli en et par Jésus de Nazareth, du baptême de Jean à la Résurrection (cf. Ac 10,36-43), un moment de discontinuité radicale ? Le peuple choisi par Dieu pour préparer la venue du Sauveur du monde, n'ayant pas reconnu cette venue, a-t-il été rejeté par Dieu même? En d'autres termes : l'Église, peuple de ceux qui reçoivent le salut que Dieu nous offre en Jésus-Christ, a-t-elle été substituée à Israël? La théologie de la substitution, qui donne une réponse positive à cette question, et qui a été longtemps enseignée, fait pièce à une saine ecclésiologie et méconnaît la lumière qu'apporte sur ce sujet Rm 9-11.