Introduction
« Les deux marcheront-ils ensemble sans qu’ils ne se soient donné rendez-vous ? » (Am 3,3). Cette question aux couleurs proverbiales traduit une exigence profonde, celle de la rencontre de deux amis ou de deux frères qui peinent à se retrouver. Elle réveille un passé lointain, celui d’une promesse blessée : « C’est vous seuls que j’ai connus entre toutes les familles de la terre » (Am 3,2)1. Par le jeu d’une paronomase suggestive entre la racine ידע « connaître » au v. 2, et la racine יעד « fixer un endroit pour s’y rendre », « se donner rendez-vous » au v. 32, on comprend que la démarche est risquée. Se retrouver ainsi, pour des mémoires déchirées, peut se transformer en « mérencontre » selon l’expression de Martin Buber3.
Le dialogue judéo-chrétien s’inscrit sur cette ligne prophétique. Entre juifs et chrétiens, le…