Après la thèse de C. van Houten (The Alien in Israelite Law, 1991) et celle de C. Bultmann (Der Fremde im Antiken Juda, 1992), voici, en moins de dix ans, la troisième recherche doctorale consacrée au ger dans l'Ancien Testament qui aboutisse à une publication. Cette dernière, soutenue à la faculté de théologie de l'université de Hambourg (Allemagne) en janvier 1999, adopte cependant un point de départ plus objectif et une perspective plus originale que les travaux précédents. Constatant que le nom ger dans l'A.T. renvoie tantôt à un individu en tant que figure juridique - qu'il soit objet (le protégé) ou sujet de la loi (celui qui est tenu de ne pas compromettre la sainteté du groupe et de la terre qu'il habite) - tantôt à la collectivité en tant que figure théologique - qu'il s'agisse de la référence à l'expérience historique d'Israël en Égypte ou de sa situation religieuse face à YHWH -, notre auteur s'attache à décrire les transformations sémantiques qui s'opèrent d'un pôle à l'autre et scrute avec soin la transition qui conduit de l'usage légal à l'usage métaphorique.
En d'autres termes et à l'encontre de ses devanciers, il ne propose pas tant une étude sur le statut social du ger dans l'ancien Israël, qu'une recherche sémantique sur l'utilisation de ce nom dans l'Ancien Testament. De celle-ci, un double constat s'impose. D'une part, la catégorie de ger décline à la fois l'altérité et l'identité d'Israël, l'accueil de l'étranger et l'expérience historique du peuple s'interprétant mutuellement. D'autre part, l'usage individuel et celui collectif de ger subissent un processus analogue de théologisation. L'individu, qui à l'origine désignait une personne du territoire judéen, en vient à qualifier un membre de la communauté religieuse juive (avec prolongement dans la LXX). Le nom collectif qui renvoyait initialement à la situation spatiale des ancêtres en terre de Canaan finit par permettre à Israël de s'auto-désigner devant Dieu dans sa prière et, à terme, prépare la compréhension de l'existence humaine comme peregrinatio. Ces conclusions s'accompagnent de propositions d'arrière-plans sociologiques et d'hypothèses historico-rédactionnelles, somme toute assez classiques. Il ne me semble pas qu'on soit obligé d'adhérer totalement aux secondes pour reconnaître la validité des premières et, dans tous les cas, apprécier la rigueur et le caractère systématique du traitement des données qui y ont conduit.- D. Luciani.

newsletter


the journal


NRT is a quarterly journal published by a group of Theology professors, under the supervision of the Society of Jesus in Brussels.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgium
Tél. +32 (0)2 739 34 80