Le livre, fruit d’une thèse dirigée par les professeurs Roger Pouivet et Thierry-Dominique Humbrecht, offre une plongée captivante dans l’épistémologie réformée à travers les travaux remarquables d’Alvin Plantinga, tout en proposant une approche comparée autour de la connaissance naturelle de Dieu de deux éminents théologiens, Thomas d’Aquin et Jean Calvin. Structuré en trois parties, l’ouvrage explore avec minutie les nuances de la pensée de ces penseurs de renom.

Alvin Plantinga est un philosophe américain contemporain, reconnu pour ses contributions majeures à la philosophie de la religion et à l’épistémologie. Ses travaux ont redéfini le débat sur la rationalité de la foi religieuse et ont influencé la pensée contemporaine sur les questions de foi, de connaissance et de rationalité.

L’étude commence par une critique du fondationnalisme classique pour évoluer vers le modèle d’Aquin/Calvin, offrant une vision éclairante de l’épistémologie réformée. Les sections suivantes explorent la connaissance naturelle de Dieu selon les perspectives distinctes de Calvin et d’Aquin, et offrent une comparaison détaillée des conceptions théologiques et épistémologiques de ces auteurs.

L’ouvrage mérite des éloges pour sa profondeur d’analyse et son exploration des fondements de la croyance religieuse, à partir de la pensée d’Alvin Plantinga. En effet, Julien Gautier souligne l’importance d’une théorie visant à contourner le défi évidentialiste en présentant la croyance en Dieu comme une croyance de base. En s’inspirant de Calvin (mais aussi de Thomas), Plantinga fait appel à la notion de sensus divinitatis. Mais, ne tendrait-il pas davantage vers une approche théologique que philosophique ? Le livre laisse échapper une opportunité d’approfondir le débat sur la nature philosophique versus théologique de cette théorie. Cette omission peut laisser le lecteur désireux d’une exploration plus poussée du sujet, à défaut de ne pas entrer dans le débat général de l’épistémologie des croyances religieuses. Un manque non négligeable réside dans l’absence de références françaises notables dans ce domaine, telles que Pascal Engel et Jacques Bouveresse, qui auraient pu apporter une perspective enrichissante à cette étude.

Dans l’ensemble, cet ouvrage constitue une contribution significative à l’étude de l’épistémologie réformée en mettant en lumière les fondements théologiques hérités des deux éminents théologiens du passé. Nous ne pouvons qu’exprimer nos félicitations à l’A. ainsi qu’à l’éditeur pour avoir permis au public français de découvrir la pensée d’un des philosophes de la religion les plus importants de notre époque. — A. Pérez