Au service de L'Eglise et des prêtres. Mémoire d'une vie

Guy-Marie Bagnard

Le sacrement de l’ordre est central à la vie de l’Église. Il relève de sa nature missionnaire. Il s’origine donc dans la Trinité. Tout au long des pages de ces mémoires, Guy-Marie Bagnard (né en 1937), évêque émérite de Belley-Ars (c’est lui qui fit accoler le nom du village de st Jean-Marie Vianney à celui de l’antique diocèse du Bugey au nord de Lyon), fondateur du séminaire international d’Ars, développe cette vérité de foi. Il s’agit donc moins d’une simple autobiographie (rédigée grâce au dialogue mené par un prêtre de la Société saint Jean-Marie Vianney, le p. Rémy de Mauvaisin) que d’une expérience théologique, d’un enseignement à la manière des Pères de l’Eglise, vécu dans la vie d’un prêtre, fils d’un mineur de fond et d’une mère au foyer en Bourgogne, devenu évêque par le choix de Jean-Paul II pour être « au service de l’Église et des prêtres ». On lira avec émotion cette relecture d’une époque si éprouvée dans l’Église de France, celle de l’après-Concile et de l’entrée dans le xxie siècle.

Sulpicien, Guy Bagnard vit à Paris les effets de mai 68 au sein de l’Église comme « père de séminaire » mais sa vie bascule en 1974 quand l’évêque d’Autun lui demande de prendre en charge une « Maison de formation » spirituelle qui avait été fondée par le père Ladame à Paray-le-Monial : la « propédeutique » de Paray était née, répondant aux vœux de Vatican ii (Optatam totius 12) d’assurer la « préparation spirituelle » avant l’entrée au séminaire. L’idée a fait longtemps débat et les pages que Mgr Bagnard consacre à ce chantier missionnaire (p. 117-194) montrent combien cette initiative était prophétique : la Ratio fundamentalis publiée en février 2016 a rendu cette étape obligatoire dans toute l’Église.

Il prépare une thèse sur Blondel avec Claude Bruaire avant d’être convoqué fin 1986 à Rome pour créer une maison de formation, spécialement pour les jeunes tentés d’entrer au séminaire intégriste d’Écône. Le projet fut finalement laissé entre d’autres mains (p. 196-199).

Vient alors le temps de l’épiscopat à Belley à la suite du voyage de Jean-Paul ii à Ars en 1983 : un diocèse dont le séminaire avait fermé dès 1966 ! Création d’une propédeutique à Ars même, lancement d’une société de prêtres consacrés à la mission paroissiale et à la formation sacerdotale, création du séminaire et du foyer international à Ars… tout cela étant au fond au service de son diocèse dont il sillonne en permanence les routes pour redonner courage, dynamisme et paix aux paroisses en s’inspirant de la figure du saint Curé d’Ars. On ne s’étonnera donc pas que l’eucharistie et la réconciliation soient les sacrements qu’il présente à ses diocésains pour que l’unité soit retrouvée. Guardini est aussi cité dans cette perspective de retrouver les repères perdus, mais aussi Maurice Clavel ou Marcel Gauchet et même Michel Onfray (p. 320-327). On retrouvera les enseignements du jésuite André Manaranche sur le sacerdoce et l’Église (le prêtre, oublié du Concile en raison de la sacramentalité retrouvée de l’Evêque ?) ou les réflexions de Max Thurian comme celles de Christian Cocchini sur la Tradition des apôtres (p. 335s.).

Guy Bagnard a remis sa charge en 2012. Cette « mémoire d’une vie » aujourd’hui cachée ne peut que continuer à résonner dans un monde qui « a appris à se passer de Dieu ». Car il reste la « joie de l’évangile » (p. 374-375). — A. Massie s.j.

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