Bible and Interpretation: The Collected Essays of James Barr, vol. I-III, edited by John Barton

(éd.) J. Barr
Holy Scripture - reviewer : Dominique Lafenêtre
L'oeuvre du prof. James Barr (1924-2006) se distingue tant par son étendue que par son autorité : elle contribua au prestige de l'Univ. d'Oxford dans les domaines de la linguistique (1961), de la philologie (1968), de l'herméneutique (1973), de la théologie (1992) et de l'exégèse (1999). Barr se fit connaître hors des cercles académiques par sa critique du fondamentalisme (1977, 1984).
John Barton rassemble en ces volumes les articles publiés au long de la carrière de Barr (1963-2005). Le lecteur lui saura gré d'avoir adopté un classement allant du général au particulier, propre à montrer le déploiement de la pensée de Barr et à initier le néophyte. Les articles les moins techniques sont en effet placés en tête de volume ; seuls les spécialistes liront de bout en bout. Chaque vol. s'ouvre sur une brève table des matières suivie d'une autre, détaillée, fournissant les données de publication de chaque article. Suit une courte introd. au vol., en 2 ou 3 pages.
Les universitaires regretteront le manque d'homogénéité des conventions stylistiques, les textes conservant la présentation de la publication originelle. Cela suscite un regrettable sentiment d'inachevé. La limite de ce choix apparaît particulièrement dans les références internes, les notes de bas de page renvoyant à la numérotation des pages originelle et non à
Le premier vol. (xii-568 p.), Interpretation and Theology, est organisé en 5 parties. La première (22 articles) aborde l'étude des liens entre Bible et théologie. Barr explore le lien entre l'expression de la foi dans les communautés croyantes et la recherche universitaire, s'interroge sur la nature de la Bible (p. 46-64), explore les notions de mythe, de Bible comme littérature, de littéralité (p. 65-197) et cherche finalement à définir la théologie biblique (p. 215-343). La deuxième partie (6 articles) discute l'autorité de la Bible (p. 347-370), complétant le questionnement par une étude de Gn 3 (p. 376-389). La troisième partie contient un seul article sur la continuité entre les divers courants religieux dans l'AT et le judaïsme. La quatrième partie (5 articles) présente différents points de vue sur la théologie naturelle. La cinquième partie (3 articles) traite du contexte religieux du Proche Orient ancien.
Le deuxième vol. (xii-619 p.), Biblical Studies, s'ouvre sur des études relatives à l'AT (21 articles) : linguistique, critique historique, exégèse textuelle et autres. On remarquera l'étonnant « Hebraic Psychology », écrit pour The Encyclopedic Dictionary of Psychology (p. 144-147), montrant que les distinctions habituellement faites entre les cultures grecque et hébraïque reposent sur des arguments trop faibles. Suivent quatre articles sur le NT, où Barr a déployé ses talents de linguiste : la langue de Jésus (p. 231-246), les mots de l'amour (p. 247-261) et de l'hypocrisie (p. 281-299), enfin, le stimulant « 'Abba isn't « Daddy » » (p. 262-280). Dans la troisième partie (6 articles), Barr explore l'allégorie et lutte avec le structuralisme. La quatrième section (5 articles) est consacrée à un des passe-temps de Barr : la datation des événements racontés dans la Bible. La section « Fondamentalisme » (7 articles) tente de mesurer l'influence des groupes fondamentalistes sur la recherche académique. La notice introductive (p. 453-455) est une bonne synthèse des idées de l'A. et suffira à beaucoup. Le vol. s'achève sur un ensemble d'hommages de Barr à neuf de ses prédécesseurs (Duncan, Rowley, Gammie…). Loin du panégyrique, chaque texte est une présentation critique de l'oeuvre et une évaluation de la postérité de ces exégètes.
Le troisième vol. (xi-798 p.), Linguistics and Translation, comporte 46 publications. Il traite des sujets d'expertise de l'A. Le premier ensemble (14 articles) examine divers aspects de la traduction antique, notamment de l'hébreu vers le grec. Les études explorent les dimensions graphiques, phonologiques et grammaticales de la traduction ancienne, elles lisent la LXX ou le livre araméen d'Énoch, ou encore critiquent le travail de Metzger sur le NT. La partie suivante, « Modern Translation », propose trois articles polémiques. Barr étudie la traduction en anglais des verbes hébreux relatifs à la sexualité puis critique sévèrement les principes idéologiques de deux traductions (New English Bible et New International Version). La troisième partie, « Hebrew and Semitic Languages », contient 29 articles traitant notamment des causes historiques de la dispersion géographique des langues (p. 269-300), de la littérature hébraïque moderne (p. 301-312), et des rapports conflictuels entre philologie et sémantique (p. 377-444). Il regrette ainsi que les philologues bibliques soient réticents envers la linguistique moderne et se demande pourquoi la prononciation de l'hébreu fait souffrir les étudiants. Son travail sur saint Jérôme s'intéresse à la prononciation antique de l'hébreu (p. 500-529). En ces pages se déploie magnifiquement les compétences linguistiques et la culture exceptionnelle de James Barr.
Ces ouvrages ne sont pas qu'un bel hommage, ils constituent aussi une source importante pour la recherche biblique. En outre, par leur présentation, ils sont un guide de lecture pour cette oeuvre monumentale. Traverser celle-ci convainc que la rigueur, l'exigence intellectuelle et l'originalité de James Barr en feront une référence longtemps encore. John Barton offre un grand service à la communauté scientifique en rendant accessibles ces publications. - D. Joseph f.s.j.

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