Bioéthique. Quelle société voulons-nous pour aujourd'hui et demain ?

Pierre d'Ornellas (Mgr)
Morality and law - reviewer : Alain Mattheeuws s.j.

Ces pages, rassemblées par l’éditeur, reprennent des interventions faites dans des cadres divers par le « responsable du groupe de travail sur la bioéthique des évêques de France ». L’introd. nous fixe les enjeux : rôle du nouveau pouvoir technique sur la vie humaine, « bien commun » et projet politique à propos de la vie humaine, redéfinition de la médecine et de la solidarité nationale, construction d’une éthique de la fraternité, survie de l’espèce humaine… La réflexion porte fondamentalement sur « la confrontation culturelle entre la technique qui s’impose, et la responsabilité morale qui demeure » (p. 15).

Il faut dialoguer, dit Mgr d’Ornellas, pour accéder par la raison aux vraies questions et pour préciser le vocabulaire nouveau et en trouver les racines implicites (p. ex. : projet parental, parent biologique). Poser et se poser des questions, c’est entrer dans un processus dialogal et de recherche sincère de la vérité sur l’homme. Le style littéraire de l’A. ne lésine pas sur les questions ! D’autres thèmes éclairent la position de l’A. : « regard bienveillant sur la vie humaine en état de précarité, la fragilité de l’être humain, le désir comme expression de la transcendance, la gnose de l’algorithme, le sursaut éthique, la fécondité de toute vie ».

L’insistance à « voir » autrement la faiblesse humaine et sa vulnérabilité est une clé de lecture de toutes les questions éthiques. Le regard « réceptif » et bienveillant est un élément de vie et il permet de réfléchir sur l’essentiel tant pour les personnes fragilisées que pour ceux qui les soignent. « La vie est toujours un don à recevoir » (…) « et la dignité humaine est inviolable et inaliénable » (p. 34). Il s’agit de « se mettre à l’école de nos frères et sœurs en situation de vulnérabilité » pour apprendre « que chaque vie humaine est belle et vaut la peine d’être vécue » (p. 36). Cette découverte de la richesse de la fragilité change notre vision de tout homme et nous permet de comprendre combien cette fragilité le définit et appartient à sa dignité et à « sa condition humaine » (p. 42). Seules les relations vraies permettent de le découvrir et de l’assumer. Le choc frontal à assumer est le suivant : la vulnérabilité qui est une démaîtrise est en face de la technique qui « pousse à tout maîtriser » (p. 45). Seule la liberté, animée d’un supplément d’âme, permet de rester « juste et bon » par une réflexion éthique fondée sur trois principes incontournables (p. 53-64). Pour rester lui-même, l’être humain doit « être responsable » du réel, plongé dans des relations « fraternelles » et ouvert à l’autre en son être.

Nous avons apprécié l’insistance de l’A. sur le « bien sociétal » que représente toute humanité, sur la place incontournable d’une éthique centrée sur la protection du plus faible, enracinée dans la prudence et en quête incessante d’une sagesse de vie. C’est à ce prix que la vie de tous peut rester digne et féconde. Car sans être en vie, comment rendre gloire à Dieu ? Une annexe fort intéressante présente l’audition du pasteur devant la mission d’information parlementaire sur la bioéthique (30 oct. 2018). — A. Mattheeuws s.j.

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