L’originalité de ce recueil de douze études sur les missions catholiques en Asie (du xvi^e au début du xviii^e s.) réside dans le point de vue adopté : l’influence significative du lieu géographique et du milieu social sur l’activité missionnaire. Ce facteur « local » ou « spatial » fut peut-être plus déterminant que les célèbres rivalités et controverses entre ordres religieux. Quatre séries de trois études sont ici consacrées aux entreprises d’évangélisation (ou de présence pastorale auprès de communautés chrétiennes d’Orient) en quatre types de lieux : cours impériales ou princières, milieux urbains et marchands, campagnes, espace domestique. L’annonce de l’évangile, les activités liturgiques, les relations avec les autorités, le style de vie et jusqu’à l’habillement des missionnaires, les ressources financières des missions et paroisses, la participation active des convertis asiatiques et notamment des femmes sont autant de facettes de la vie chrétienne fortement impactées par le facteur local ou spatial.

Du point de vue géographique et culturel, ces douze études monographiques couvrent l’Extrême-Orient (Japon, Chine), les Indes et le Tibet, la Perse et le Proche-Orient. Deux contributions finales proposent des relectures transversales. Pour Nicolas Standaert, s’inspirant de Michel de Certeau, l’histoire (des missions) est un art de l’« autre » et surtout de l’« entre-deux » ; il souligne en particulier le processus de transformation de lieux en espaces d’interaction, d’interprétation et de médiation. Birgit Emich, pour sa part, met en lumière l’importance du patronage d’autorités politiques (le plus souvent non chrétiennes) et celle de l’espace domestique où les femmes jouent un rôle déterminant. — J. Scheuer