À la fin des années 1920 et au début des années 1930, l'ACJF connaît une profonde mutation. Pie XI insiste vigoureusement sur l'Action catholique; pour sa part, le mouvement entre dans la voie de la spécialisation, devenant une fédération regroupant la JOC, la JAC, la JEC, la JMC et la JIC. Toujours soucieuse d'instaurer une société inspirée par les principes chrétiens, l'ACJF sera alors confrontée à la politique de Briand: si le nationalisme outrancier est condamné au profit d'une politique de paix, il ne s'agit pour autant pas de tomber dans un optimisme béat. La politique du Front populaire en matière sociale sera également bien vue.
La Seconde guerre mondiale sera une nouvelle épreuve. Le régime de Vichy entendait bien encadrer la jeunesse. Si dans un premier temps, l'ACJF ne fut pas réticente à la Révolution nationale, rapidement le divorce allait toutefois assez rapidement être prononcé, et l'ACJF refusera tout autant le STO que le nazisme, tout en entrant dans la résistance.
Les années d'après-guerre ne seront pas plus paisibles. Peu à peu l'ACJF entrera dans une voie «travailliste», manifestant entre autres sa sympathie pour la politique de Mendès-France. En 1956, les difficultés avec la JOC à propos de la question de l'enseignement technique, laquelle JOC sort alors de l'ACJF, conduit à la fin de celle-ci. Mais derrière cette circonstance, se vit un autre enjeu qui trouvait ses racines déjà sous le pontificat de Pie XI: celui des rapports entre la hiérarchie et le laïcat. On n'en est pas encore à la théologie de Vatican II et tous n'envisagent pas la place de l'apostolat du laïc de la même manière: mandat ou collaboration?
Livre passionnant disais-je au début de ces lignes: oui, parce qu'à travers lui on découvre les germes de bien des problématiques actuelles. - B. Joassart sj