L'intérêt considérable de recevoir les résultats bien édités d'un
travail de doctorat cum laude est d'avoir en mains l'état récent du
status quaestionis du sujet annoncé. Le sous-titre précise l'angle
d'approche: «Essai d'interprétation théologique [dans la tradition
des grands prédécesseurs Béguin, Balthasar, etc.] d'une oeuvre
littéraire». L'analyse n'est donc pas stylistique; elle s'attache
plutôt à mettre en lumière les enjeux sociaux, culturels et
religieux que Péguy a dû affronter. Plus qu'une oeuvre littéraire,
c'est l'oeuvre d'une vie qui nous est ici minutieusement retracée
depuis l'«affaire» Dreyfus et l'engagement militant des «Cahiers de
la Quinzaine» jusqu'au tissage de la tapisserie poétique où se
médite le déroulement des mystères chrétiens. L'analyse de l'après
Vatican II proposée par notre auteur est sévère et les fruits
pastoraux escomptés par Gaudium et Spes ne lui semblent pas
répondre à la promesse de ses fleurs (p. 593). Le verdict est de
nos jours en débat. Entendre à neuf et en profondeur la «théologie
infuse» de Péguy (G. Marcel) ne sera pas à l'encontre du «rendre
compte de notre espérance» de l'apôtre Pierre… même s'il nous faut
de toute évidence évaluer les mutations nécessaires. Ce livre, à sa
manière, nous y aidera. - J. Burton sj