L'A., pasteur de l'Église Réformée de France, considère quelques
problèmes de notre vie citoyenne (corruption, chômage, violence…) à
la lumière d'un triple idéal évangélique: justice, communauté de
biens et partage, universalisme. L'approche s'apparente un peu à un
traité de casuistique. Prélevons-en quelques phrases. Le
christianisme officiel est devenu laïc: beaucoup de chrétiens sont
de vagues déistes et des humanistes bon ton. Les valeurs
évangéliques sont aussi des valeurs économiques. La parabole des
talents est une justification non pas du capitalisme, mais de la
politique d'évangélisation de l'Église naissante. Il n'y a pas de
guerre réussie. La dépendance à Internet et au virtuel est à
comparer avec l'addiction au jeu. Jésus, à strictement parler, ne
pardonne pas à ses bourreaux. La laïcité de l'école et la monogamie
ne constituent pas des valeurs universelles: il serait logique et
légitime que certaines questions concernant le droit des personnes
immigrées (mariage, divorce, adoption…) soient jugées dans leurs
ambassades. Le droit d'ingérence devrait se porter en amont:
refuser de travailler dans des usines d'armement… L'A. bâtit ses
arguments sur d'ingénieux commentaires évangéliques: les marchands
du temple; la femme adultère; l'intendant malhonnête. En écologie,
il distingue la position catholique (la nature est bonne en
elle-même) et la position protestante (la nature est inscrite dans
une forme de péché). Il lui arrive occasionnellement de proposer
des exemples concrets. L'affirmation que «la religion engendre
l'action politique comme la chrysalide engendre le papillon» est
illustrée par l'exemple de Jospin et de Rocard devenus athées.
Evoquant Chirac et Sarkozy, l'A. écrit: «Ces messieurs sont tout à
fait champions pour favoriser une croissance qui profite aux plus
riches.» A lire. - P.-G.D.