Ce travail très documenté du p. Dunoyer, prêtre des Missions
étrangères de Paris, familier pendant 20 ans de la mentalité
japonaise actuelle, nous fait bien comprendre comment l'inconscient
insulaire a été façonné par l'antichristianisme brutal du clan des
Tokugawa (fin du xviie s.). Agité comme un
épouvantail par les gouvernements successifs, il a servi
d'idéologie totalitaire « au service d'un grand destin
national » jusqu'à l'effondrement tragique de 1945. Malgré la
présence, minoritaire il est vrai, d'une chrétienté (protestante et
catholique) de plus en plus reconnue et appréciée, cette réaction
spontanée que « la religion chrétienne n'est pas bonne pour
nous » demeure tenace. Mais il ne faut pas oublier que ce
peuple, aux ressources culturelles et au courage remarquables, a
été lui aussi baptisé dans le sang de ses martyrs. Une littérature
catholique, dont un des fleurons qui a pris son
essor, Silence de Shusaku Endô (1923-1996), en
relate l'épopée. L'admirable Les cloches de
Nagasaki de Takahashi Nagai (1943) en est un autre
exemple connu. On saura gré à l'A. de nous fournir sources
bibliographiques, carte, chronologie, glossaire et index des noms.
Nous avons ici un travail érudit mais animé par cette compréhension
dont nous avons besoin pour toute rencontre de
l'« étranger ». - J. Burton s.j.