L'homme a marqué profondément le 19e siècle religieux français. Il
fut au centre de bien des recherches qui ont fait ressortir les
contours d'une personnalité aussi riche que complexe, et l'ampleur
d'une action de premier plan, commencée très jeune, en particulier
à propos du catholicisme libéral tout comme dans la restauration de
l'Ordre des Frères prêcheurs dans son pays. Mais tout n'a
certainement pas été dit à son sujet, et la vaste entreprise dont
voici le premier volume permettra sans conteste d'en connaître
plus. Certes, dans un premier temps, l'utilisateur sera peut-être
un peu déconcerté par la manière dont les responsables du projet
ont mis celui-ci à exécution, car il s'agit bien d'un «répertoire»
et non d'une édition intégrale de la correspondance de Lacordaire.
Mais une édition intégrale aurait pris des proportions finalement
peu justifiables: bien souvent, L. entretint ses fort nombreux
correspondants de sujets identiques; on se serait alors retrouvé
dans des répétitions fastidieuses. D'où l'idée de faire ce
«répertoire» aux contours d'ailleurs assez précis. Toutes les
missives sont classées et présentées dans l'ordre chronologique,
avec un numéro d'ordre composé des deux derniers chiffres du
millésime et d'un numéro de classement à l'intérieur de l'année
concernée (les lettres non datées avec précision sont placées en
tête de l'année ou du mois). Sont ensuite indiqués la date, le nom
de l'expéditeur et du destinataire. Puis est donné soit un «résumé»
qui peut prendre principalement deux formes assez différentes: soit
une énonciation succincte du (des) sujet(s) traité(s) avec
renvoi(s) à une/des lettre(s) «similaire(s)», soit une présentation
bien plus détaillée faite en grande partie de larges extraits qui
permettent un contact direct avec le document.
Outre une annotation assez dépouillée, on trouve des indications
qui précisent si les éditeurs ont utilisé l'autographe, une
photocopie, une copie (avec renvoi à la «source») et si la missive
a déjà fait l'objet d'une édition, intégrale ou partielle. Ceci
amène à évoquer les instruments qui permettent de se mouvoir dans
cet ensemble considérable: un «registre des sources» (autographes,
etc.) et des index onomastique, topographique, des oeuvres
mentionnées, et thématique, ainsi qu'une chronologie de l'existence
de Lacordaire pour la période concernée par le volume.
On ne peut que le redire: l'entreprise est de taille. Et au vu de
la qualité du premier volume, on ne peut que souhaiter une chose:
la parution rapide des suivants. - B. Joassart sj