Le titre et le sous-titre de l’ouvrage étant tout à fait explicites, on s’attend à un traité de la foi, contextualisé, fortement marqué par l’Écriture puisque son auteur est un théologien et pasteur protestant. Eh bien, ce n’est pas ce que l’on « croit »…

Bien sûr, l’A. traite du croire dans un monde contemporain qui n’attend plus grand-chose et où pourtant fleurissent toutes formes de religiosités multiformes, fruit de nos sociétés prétendument hyper-rationnelles. C’est donc dans une véritable aventure-réflexion que le lecteur est entraîné, car son A. ne se tient jamais complètement où il le « croit ». En effet, l’A. déploie une véritable virtuosité pour susciter des interrogations ancrées dans la situation de l’homme contemporain tout en s’employant à donner toujours une réponse, dirions-nous, « symphonique » qui fera résonner le bon sens, la théologie, la sociologie, l’Écriture, afin de tisser un fil réflexif à la fois solide, coloré et plein de subtilité. On se tient loin des caricatures et condamnations à peu de frais de la culture contemporaine. On tient plutôt en main un « fil d’Ariane » qui nous permet d’aller explorer les ressorts profondément anthropologiques du croire.

Ainsi le 1^er fil tissé est celui du croire et du savoir. Il débute alors par une « En-quête » dont le thème apparaît, somme toute, classique : l’homme comme être de croyance. Mais le traitement de la question est tout en subtilité. Avec un arrière-fond biblique constamment perceptible, l’A. fait dialoguer l’étymologie, la philosophie kantienne ou la linguistique. Ce faisant il pose les jalons nécessaires pour la suite de son exploration vue comme une navigation en haute mer. Dans le 2^e chapitre consacré à ce que l’A. nomme les « manifestations du croire », il s’attelle à montrer les dimensions cognitive, existentielle et affective du croire qui vont en faire une authentique rencontre.

Le 2^e fil sera celui du rapport entre le croire et la religion, déployé, lui aussi, sur deux chap. Le 1^er cherche à construire une authentique théologie de la religion, mettant là encore en dialogue l’étymologie, la philosophie et l’anthropologie de la religion avec la révélation chrétienne. L’A. va alors mettre en place des notions essentielles comme vérité, transmission, spiritualité et engagement comme autant de critères qui lui permettront d’analyser dans le chap. suivant les « pathologies du croire » qui traversent la société contemporaine.

Le 3^e fil, nécessaire pour tisser une corde solide, sera celui d’une ouverture vers l’avenir. Mais après les constats sans concession qui ont été faits, que le lecteur ne s’attende pas à un enchevêtrement de rêves, de projets ou d’appels faciles. C’est un chemin exigeant que propose ici l’A. : celui d’une authentique rencontre, d’un pluralisme exigeant, fondé sur un authentique travail de la raison. — G. L.