Das Verhältnis Kirche - Europäische Union. Zugänge aus rechtlich-philosophischer Sicht

B.J. Berkmann
Morality and law - reviewer : Paul Lebeau s.j.
Cet ouvrage d'un jeune auteur autrichien qui a bénéficié d'une triple formation - droit, théologie et philosophie - apporte une réponse originale et solidement documentée à ces questions que se posent depuis des années ceux qui, professionnellement ou non, se sentent concernés par le rôle des religions dans la construction européenne. La Constitution de l'Europe unie doit-elle comporter une référence à Dieu? L'Europe doit-elle privilégier ses relations historiques avec les Églises chrétiennes ou les considérer à l'égal d'autres traditions religieuses, par exemple celle de l'Islam? Les Églises devraient-elles sauvegarder leurs liens juridiques avec le Droit européen ou s'ouvrir en ce domaine à l'avenir d'une nouvelle Europe?
La conviction de l'A. est que ces questions, nées d'une longue histoire, se posent aujourd'hui d'une nouvelle manière. Il constate que, jusqu'ici, la relation Église-État a été abordée avant tout dans une perspective juridique ou théologique, et, plus récemment, historique et sociologique, voire politique. Selon lui, la philosophie n'aurait-elle pas le privilège, dans la mesure où elle demeure fidèle à elle-même, d'aborder le réel en son intégralité, ainsi que l'entrevoyaient ses initiateurs européens, Socrate, Platon et Aristote? Après avoir évoqué ceux-ci, il parcourt dans un second chapitre l'apport d'une série de «penseurs prioritaires» (Vordenker) qui, bien avant que s'inaugure le processus d'intégration européenne, se sont posé la question d'une union politique et de sa relation à la religion. Ainsi, saint Augustin et, au cours du Moyen Âge, Thomas d'Aquin, Dante Alighieri, Pierre Dubois.
Puis, à la Renaissance, Machiavel, Érasme, Thomas More, Vitoria, Suarez. Ensuite, au XVIIe siècle, et parmi d'autres moins influents, Bellarmin, Hobbes, Locke, Leibnitz, lequel proposait que «les États européens s'unissent, chacun à tour de rôle, pour assurer une paix sans violence». Et au début du XVIIIe siècle, Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (1658-1743), avec son projet d'une Union européenne dotée d'une Cour d'Arbitrage compétente pour résoudre pacifiquement les conflits. Zinzendorf et J.- J. Rousseau offrirent également des suggestions en ce sens, tandis que Kant établissait un parallèle entre État mondial et Religion universelle, fondée en philosophie. Enfin, au XIXe siècle, l'A. parcourt l'apport à la fois cohérent et diversifié des Novalis, Fichte, Hegel et Tocqueville, ce dernier inspiré par l'expérience des États-Unis, où la séparation des Églises et de l'État coexiste avec une influence positive des religions.
En abordant le XXe siècle, l'A. se limite judicieusement à l'apport des auteurs dont la réflexion, sans inclure explicitement la relation d'un ensemble supra-national et des diversités religieuses, ont contribué à l'éclairer. Ces chapitres nous mènent au coeur du débat: comment situer les identités respectives de l'Église catholique et de l'Union européenne? C'est ici que s'affirment l'originalité et la rigueur analytique de l'A. L'A. se demande, en conclusion, si son projet a pris corps. Il en exprime l'espoir dans la mesure où ce qu'il appelle le «Modèle dialogal» (Dialogmodell), dont il a relevé des éléments tout au long de son parcours historique, rencontre peu à peu l'assentiment de toutes les parties en cause. Il s'agit en fait, conclut-il, «d'un modèle très simple, qui, à partir d'un seul concept fondamental, celui précisément du dialogue, aboutit à rendre possible une conciliation inattendue entre des principes qui paraissaient de prime abord s'opposer». Souhaitons que ce modèle inspire plus efficacement encore les artisans et les citoyens de notre union européenne, ce que favoriseraient incontestablement quelques traductions de ce remarquable essai. - P. Lebeau sj

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