L'encyclopédiste dominicain Vincent de Beauvais (1190-1264) adresse
son dernier ouvrage à saint Louis, roi de France, et à son gendre
Thibaut, roi de Navarre. Le texte se présente comme un manuel
d'éthique politique, au ton moralisateur, qui tient à la fois du
traité scolastique et du sermon médiéval (qui, selon l'idéal
cicéronien qu'adopte Augustin, est censé instruire, plaire et
toucher). L'A. y développe successivement trois thèmes, qu'il
propose à l'image de la trinité: pouvoir, sagesse, bonté. D'autres
divisions utilisent, outre ce chiffre trois, les chiffres sept et
neuf: le prince qui a sept raisons d'être bon doit être sage en
neuf domaines. L'A. attire son attention sur la vanité du pouvoir,
les perversions du pouvoir, l'ambition, la flatterie, la crédulité…
L'originalité du livre tient moins au contenu qu'à la forme qui
accumule anecdotes et comparaisons, proverbes et jeux de mots,
qu'un lecteur moderne peut trouver déroutants. L'A. en appelle aux
auctoritates scripturaires (Ecclésiastique, Proverbes…), classiques
(Cicéron, Ovide…), patristiques (Jérôme, Grégoire le grand,
Bernard…). Précieuse introduction de Charles Meunier. En annexe: le
testament politique que saint Louis adresse à son fils Philippe. -
P. Detienne sj