Douze historiens et sociologues étudient le comportement
ouvertement accueillant, mais subversif aux yeux de l'institution,
de prêtres et de laïcs face à des situations culturelles nouvelles.
Des exemples? le Père M. Montuclard op et le mouvement Jeunesse de
l'Église, 1936-1955 (Th. Keck); l'abbé G. Mollard et les laïcs
'missionnaires' de la paroisse Saint-Michel à Marseille 1947-1965
(T. Cavalin, N. Viet-Depaule); Colette Crépin-Leblond et ses
compagnes de la Fraternité dominicaine ouvrière (M. Rault)… et
surtout les prêtres-ouvriers 1949-1954 (Ch. Suaud, N. Viet-Depaule)
et la Mission ouvrière 1954-1969 (T. Cavalin): les problèmes sont
bien connus (se naturaliser ouvrier sans esprit de retour,
l'adhésion au syndicat CGT voire au parti communiste); Mgr Guerry
et les antécédents de la lettre-couperet du 19 janvier 1954.
D'autres 'subversifs' sont plus anciens: les moines passés à la
Réforme, qui communient sous les deux espèces, chantent des
cantiques en allemand, refusent de jeûner et se marient (O.
Christin); les convulsionnaires jansénistes, contestataires de
l'orthodoxie, se meurtrissant le corps (Q. Vidal)… et Thérèse de
Lisieux qui invente une petite voie qu'elle propose comme «toute
nouvelle» (A. Guise-Castelnuovo). À ajouter: quelques exemples
tirés de l'Afrique noire: entre résistance à la domination
politico-religieuse et fidélité lignagère (J. Tonda); de l'Inde, où
le bouddhisme est une subversion de l'hindouisme (I. Kalinowski);
de l'Algérie (M.B. Salhi). Les articles ici rassemblés sont nés
d'un colloque tenu à l'université de Nantes en 2004 «Les religions
face aux contestations internes: des conflits de fidélité», qui
lui-même s'inspirait d'un ouvrage Prêtres et ouvriers. À lire. - P.
Detienne sj