Le titre accrocheur semble annoncer un renouveau total des problèmes que pose l'unique apparition de La Salette en 1846 près de Grenoble. En fait, on connaissait déjà six versions du secret. La découverte est simplement celles des deux premières versions fournies par les voyants en 1851 et envoyées au pape Pie IX. Ces deux textes sont les plus courts. La vraie nouveauté importante de ce livre est la réhabilitation des deux voyants grâce à de nouvelles pièces et à des justifications apportées par l'abbé Corteville qui a fait de cette apparition le sujet d'une thèse monumentale. Pour propager ses trouvailles dans le grand public, il a eu recours à la plume de celui qui passe en France pour le meilleur mariologue, l'abbé Laurentin. Celui-ci s'engage à fond dans la voie ouverte par Corteville et arrive à répondre à toutes les objections faites au cours de 150 ans de controverses. Mais à trop justifier on risque de susciter des doutes.
Devant les différences flagrantes entre les diverses versions du secret, Laurentin ne voit que des précisions apportées par l'approfondissement du message, la maturité des voyants (surtout Mélanie) et l'«interprétation» des images reçues en 1846. Les textes parlent de Napoléon (III), alors qu'en 1851 il n'est que président de la République, tandis qu'en 1846 il n'était qu'un minable putschiste emprisonné depuis plusieurs années, avec un passé inquiétant de carbonaro anticlérical. La Vierge a-t-elle vraiment parlé de lui au début?…
À beaucoup de personnes, Mélanie est apparue comme une fabulatrice très pieuse certes, mais qui aurait pris au sérieux ses propres imaginations et embellissements. Elle le reconnaît pour une date, ce qui permet de douter du reste. Laurentin va jusqu'à en faire une mystique et il la croit favorisée de vrais stigmates visibles de façon intermittente, alors que sa mère et sa soeur affirment que, petite, Mélanie se faisait elle-même ces blessures! Leur témoignage est écarté un peu trop facilement.
Le fougueux Léon Bloy l'a défendue avec passion et, après lui, ses disciples, Maritain, Massignon, de même que Huysmans et Claudel. Que penser? Selon qu'on aime ou n'aime pas La Salette, on lira ce livre avec satisfaction ou avec beaucoup de questions et de réticences. - B. Clarot, S.J.

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