Dieu n’aime pas les sacrifices. Le cléricalisme et le sacré

Jean Civelli
Spiritualiy - reviewer : Isabelle Payen de la Garanderie o.v.

« Cléricalisme » est un mot connaissant un succès certain ces dernières années, à la suite du pape François qui aime l’employer. En réalité, la signification de ce mot semble varier et c’est pour cela que Jean Civelli, prêtre du diocèse de Lausanne, cherche à aller en explorer la racine afin de clarifier les causes du cléricalisme. Pour lui, elle est à rechercher dans la question du sacré qui rejaillit si souvent.

Commençant par rappeler la distinction générale entre sacré et profane, l’A. choisit de mener ensuite une étude biblique pour nous éclairer sur le régime du sacré en milieu chrétien, particulièrement, on s’en sera douté, en ce qui concerne le sacerdoce, s’appuyant notamment sur les études d’A. Vanhoye. Le constat est clair : s’il est aisé de parler de sacré dans le monde vétérotestamentaire, il en est tout autrement avec le Christ car il n’est pas un « spécialiste du sacré selon la loi de Moïse » (p. 53), n’exerçant pas le sacerdoce de la lignée d’Aaron, mais celui de Melkisédeq, se plaçant ainsi en initiateur du sacerdoce nouveau comme unique Médiateur. Civelli constate également que l’utilisation de l’ancien vocabulaire sacerdotal, absent des premiers textes chrétiens, s’est faite progressivement, jouant probablement un rôle quant à l’hypertrophie croissante du sacerdoce ministériel au fil des siècles au détriment du sacerdoce baptismal, alors qu’il insiste plus sur la proximité de Dieu et moins sur l’inaccessible sacré.

C’est à partir de cela que l’A. développe quelques-unes de ses convictions sur ce que devrait être un prêtre aujourd’hui ou sur la manière de vivre l’eucharistie. Au-delà de ses conclusions très personnelles, son propos élude deux points qui auraient probablement pu aider à être moins catégorique : d’une part, les liens entre liturgie juive et liturgie chrétienne qui, si elle est nouvelle, s’inscrit aussi dans une continuité ; d’autre part, si Vatican ii est abordé rapidement, son ecclésiologie de communion aurait permis de sortir d’une opposition trop nette. Pour un complément dans un prochain ouvrage ? — I. Payen de La Garanderie o.v.

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